En attendant la décharge
Moïse Jones a la vingtaine inondée. Il voudrait mettre la tête hors de l’eau mais son corps est trop lourd : il continue d’avaler les bouillons et les factures d’hydro se font de plus en plus salées. Il y a maintenant près de six mois qu’il a plongé à l’intérieur. Il regarde le tableau de la mer morte au-dessus de sa tête en se disant qu’il faudra bien se brancher une bonne fois pour toutes, quitte à mettre le courant dans la baignoire. Alors qu’Anubis joue aux échecs avec un commis d’Hydro-Québec, que la tuyauterie chante en chorale, que les algues refusent de prendre feu et que son cœur nage dans un bocal, Moïse Jones tergiverse. Mais l’étau se resserre, une armée se bouscule aux portes ; il faudra bien trancher. Régurgiter quelque chose d’une envie de vivre, en attendant la décharge.
Avertissements relatifs au contenu : mort, intimidation, idéation suicidaire
Texte : Jean-Pascal Bilodeau
Mise en lecture : Félix Durand, Léa Imbeau, Charlotte Moffet et Karolann St-Amand
Conception sonore : Matthieu Perron
Distribution : Ariane Bérubé, Romy Bouchard, Sara Déziel, Gabriel Guertin-Pasquier et Amadou Madani Tall
La diffusion de cette édition du Porte-Voix est rendue possible grâce à ses partenaires : le Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ), l’Association des étudiant·es en littératures de langue française de l’Université de Montréal (AELLFUM) et le Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal.