L'Afrique francophone subsaharienne : entre héritage laïque et traditions religieuses
Il y a un fait qui est difficilement ignorable dans la majorité des pays en Afrique francophone subsaharienne, c’est que la majorité des citoyens et citoyennes se réclament d’une croyance religieuse. Terre de spiritualité et de coexistence entre différents courants religieux et animistes, le continent africain regorge de diversités en matière de religieux. Cependant, la plupart des pays africains peinent à réguler leur système de rapports religions-États. Le religieux est partout et influe sur les débats politiques, figure au cœur de pleins de conflits mais tisse aussi souvent des liens entre acteurs sociaux. Cette complexité des relations religions-État ne peut se comprendre que dans une large perspective historique et dans le contexte spécifique du continent africain. Dès les indépendances, les États d’Afrique francophone ont cherché à se construire sur le modèle des États “modernes”. La modernité, dans la construction de l’État africain, a consisté en l’appropriation d’idéologies importées, la réception des techniques juridiques de l’ancienne puissance coloniale (ici, la France) et l’accession à une conception de l’État construit sur le modèle occidental. La construction de l’État démocratique en 1990 en Afrique francophone s’est également caractérisée par un lourd passif , en ce qui concerne les principes et les techniques du droit constitutionnel français auxquels les élites africaines semblaient attachées lors de ce processus démocratique.