Wed 15 Oct 2025
Podcast /
Question de croire

Lien de l'épisode /
Question de croire


Que penser de la théologie de la prospérité? 
La théologie de la prospérité promet des récompenses matérielles aux personnes professant la bonne foi. Cependant, plusieurs pasteurs l’utilisent pour s’enrichir ou faire grandir leur communauté. Plusieurs histoires de la Bible et de Jésus nous enseignent une relation plus éthique avec l’argent.
 
Dans cet épisode, Joan et Stéphane réfléchissent sur la notion du partage de la richesse et se demandent qui profite de cette prospérité.
 

Site Internet: https://questiondecroire.podbean.com/

ApplePodcast: https://podcasts.apple.com/us/podcast/question-de-croire/id1646685250 

Spotify: https://open.spotify.com/show/4Xurt2du9A576owf0mIFSj 

Réfome: https://www.reforme.net/podcast/

Contactez-nous: [email protected]

Notre commanditaire: L\'Église Unie du Canada  Moncredo.org

* Musique de Lesfm, pixabay.com. Utilisée avec permission. 

* Photo de Alexander Schimmeck, unsplash.com. Utilisée avec permission.

 

 
Bonjour! Bienvenue à Question de croire, un podcast qui aborde la foi et la spiritualité, une question à la fois. Cette semaine : que penser de la théologie de la prospérité?
Bonjour! Bonjour, Joan, bonjour à toutes les personnes qui sont à l\'écoute
 

Comment utiliser la prospérité pour faire grandir une paroisse

 
[Joan] Ce qui est marrant avec cette théologie de la prospérité c\'est que j\'en ai entendu parler depuis le début de mes études en fait donc on peut dire fin années 90.
Il y a l\'un de nos professeurs, André Birmelé, très grand systématicien, qui a vraiment consacré sa vie aux dialogues bilatéraux et œcuméniques, entre Églises, entre œuvres, qui a travaillé au sein de la Fédération luthérienne mondiale, enfin voilà.
Il a vraiment consacré sa vie aux dialogues entre les Églises en fait. Il a cru en cette paix de l\'église universelle.
Un jour, il avait je ne sais quelle assemblée, je ne sais où, et donc on leur a dit est-ce que vous êtes intéressé de connaître un peu les réalités des gens sur le terrain? Quelles sont les Églises en croissance?
Et puis il est parti avec, je les imagine un petit peu des délégués qui viennent d\'un peu partout, pas que d\'Europe ni d\'Occident d\'ailleurs.
Et puis je les imagine dans leur petit bus en train d\'aller voir dans je ne sais quelle banlieue, je ne sais quelle Église.
Et là, il y a un pasteur qui très, très, très, mais alors très fièrement, leur a dit de toute façon, vous ne savez pas faire en Europe ou en Occident, vous ne savez pas comment faire pour avoir de la croissance d\'Église.
Ah bon? Ils ont été très intéressés. Que faut-il donc faire?
Il dit, ce qu\'il faut faire, c\'est que tu pries avec ta communauté et tu demandes qui a faim et tu demandes qui n\'a plus rien sur le compte ou qui n\'a plus d\'argent dans la poche.
Et tu as une équipe qui repère qui sont les personnes. Et le lendemain, tu leur fais déposer des sachets de courses.
Et le dimanche d\'après, tu dis, qui avait faim et a été nourri? Qui a eu de l\'argent alors qu\'ils n\'avaient plus rien dans la poche?
Vous, vous, vous? C\'est Dieu qui vous a bénis. C\'est parce que vous êtes venus à l\'église prier.
Et maintenant que vous avez été bénis, pensez bien à bénir les autres. Et d\'ailleurs, il y a une collecte à la fin.
C\'est un vrai travail d\'équipe quand tu écoutes ça, c\'est bien organisé comme affaire.
Il faut que tu aies des gens qui repèrent, qui notent où habitent les gens, d\'autres qui aillent faire des courses, d\'autres encore qui déposent des courses de façon discrète sans se faire voir.
Comment je dois dire, une sacrée logistique. J\'ai de l\'admiration pour cette logistique.
Mais ce qui me faisait marrer, c\'est le décalage entre André Birmelé, quelqu\'un qui connaît très bien sa Bible, les écrits symboliques, qui a beaucoup travaillé théologiquement, qui s\'est donné du mal pour créer tous ces accords et ces liens entre Églises, et puis le pasteur de je-ne-sais-où qui a trouvé une espèce d\'esbroufe, comme on dit en français de France.
C\'est une espèce d\'esbroufe pour tout simplement tromper son monde, mais qui en est très fier, très, très fier.
Voilà, théologie de la prospérité, il y a une petite part de manipulation, je crois qu\'on peut le dire.
 

Une théologie qui récompense matériellement les bons croyants

 
[Stéphane] Je dois avouer que ce n\'était pas sur mon radar. Par exemple, lors de mes études en théologie, on n\'en a jamais parlé.
Même lorsqu\'on aborde les différents courants théologiques ou les différentes manières d\'être l\'Église, ce n\'était pas là.
Mais j\'ai reçu cet été un courriel d\'un auditeur qui, justement, me posait des questions là-dessus. Et il me dit « Ah, ce serait bien de faire un épisode. »
Et en réfléchissant, il y a plein de choses qui me sont revenues en mémoire.
Par exemple, dans les années 70-80 (1970-1980), tous ces télévangélistes américains et leurs émissions hebdomadaires où on voyait le pasteur, l\'épouse et les enfants. Ils étaient très beaux, très belles images et qui invitaient les gens à donner.
Tout ce courant-là qui existe en Amérique du Nord depuis quand même assez longtemps, qui est encore visible aujourd\'hui, ça a pris d\'autres formes et on dirait que, pour certains d\'entre nous, peut-être qu\'on fait une blague comme ça, mais on fait presque semblant que ça n\'existe pas.
Et pourtant, il y en a plusieurs.
Ce n\'est pas que c\'est la majorité, mais il y a quand même plusieurs paroisses, plusieurs pasteurs qui sont dans cette mouvance-là, qu’ils y croient, qu’ils n\'y croient pas, on pourra toujours en débattre, mais qui font la promotion de cette idée-là que Dieu récompense financièrement ou sur le plan matériel les bons croyants, les bonnes croyantes.
C\'est quand même quelque chose.
 

Le décalage entre Jésus et l’argent

 
[Joan] Alors, moi, ce qui me frappe dans la théologie de la prospérité, c\'est que c\'est une théologie qui se veut vraiment très littérale, avec une lecture de la Bible, comment est-ce qu\'on pourrait dire, très soigneuse.
Mais, il me semble que le péché le plus abordé dans la Bible, c\'est l\'argent. L\'argent mal gagné, l\'argent non partagé, l\'argent qui passe avant le reste.
Il me semble que Jésus, en ce sens, est exemplaire.
Il y a vraiment plein d\'aspects de la vie de Jésus qui, moi, me frustrent parce que je ne sais pas comment, quel genre de mari c\'était.
J\'aimerais bien savoir s\'il était végétarien ou pas. On sait qu\'il mangeait du poisson, donc il n\'était pas végétarien. Il y a vraiment plein de choses que j\'aimerais savoir à propos de Jésus.
Par contre, ce qui est sûr et certain, c\'est qu\'il avait un rapport très détaché aux biens matériaux, qu\'il était vraiment très peu dans le matériel, très peu dans l\'argent et qu\'il était assez dur en fait envers les personnes qui voulaient amasser de l\'argent, qui ne voulaient pas partager de l\'argent, qui n\'avaient pas un moyen, comment est-ce qu\'on pourrait dire, éthique de gagner de l\'argent.
Et donc j\'ai vraiment beaucoup de peine à comprendre comment est-ce qu\'on peut être pasteur dans le sens comme moi je l\'entends, et puis avoir ce rapport tellement obsessionnel avec l\'argent.
Et puis comme tu dis, d\'utiliser en plus le visuel, le paraître pour obtenir de l\'argent, ma petite famille, mon petit machin, la plus belle image télé, le plus beau setting.
Je ne sais pas, pour moi il y a un énorme décalage et du coup, ce qui m\'interroge le plus, c\'est qu\'est-ce que les personnes recherchent là-dedans?
 

Vouloir croire malgré les signes contraires

 
[Stéphane] En anglais, on a cette expression « suspension of disbelief », la suspension de l\'incrédulité. C\'est de vouloir accepter la fiction comme quelque chose de vrai.
Comme tu dis, Jésus n\'était pas là pour faire du fric.
Même, on retourne dans le Premier Testament, le discours des prophètes. Ils disaient aux puissants, aux riches, vous abusez des pauvres gens, vous abusez des veuves, vous abusez des orphelins pour devenir plus important, devenir plus riche.
En même temps, on veut croire qu\'il y a comme une formule magique, que Dieu est comme une sorte de distributrice de bonbons. Si on met suffisamment de prières, les bonbons vont arriver, l\'argent va arriver, et que, tout simplement, tout va bien aller.
Mais on sait que ce n\'est pas ça. Si on regarde dans notre monde, non, ce n\'est pas nécessairement ça.
Oui, il y a des gens qui font de bonnes choses et ces personnes s\'enrichissent. Bravo!
Mais il y a des personnes qui font également les bonnes choses et ne s\'enrichissent pas pour toutes sortes de raisons.
On vit entre autres dans un monde capitaliste.
L\'éthique n\'est pas toujours au rendez-vous, mais on veut y croire à quelque part. que nous sommes le peuple élu, nous sommes un peu comme les préférés de Dieu, alors Dieu va nous faire une faveur, va nous favoriser par rapport aux personnes qu\'on aime moins ou les personnes qui n\'ont pas la bonne religion, de notre point de vue naturellement.
On veut y croire, mais à quelque part, on le sait, si on regarde les faits, que ça ne fonctionne pas.  Et on dirait qu\'il y a cette déconnexion dans notre cerveau.
 

L\'histoire de la veuve de Sarepta

 
[Joan] On avait travaillé avec le groupe des femmes du 8 mars l\'histoire de la veuve de Sarepta.
Il y a un prophète Élie, il s\'est passé plein de trucs. Et puis, Élie lui demande à manger.
Et elle lui répond « Aussi vrai que l\'éternel ton dieu est vivant, je n\'ai pas le moindre morceau de pain chez moi. Il me reste tout juste une poignée de farine dans un pot et un peu d\'huile dans une jarre. »
Alors là, lui, il l\'exhorte à faire ce pain et il lui dit qu\'en fait, finalement, le pot de farine ne se videra pas et la jarre d\'huile non plus jusqu\'au jour où l\'éternel fera pleuvoir sur le pays.
Et ce qui est intéressant c\'est que c\'est un très, très beau récit et on l\'a travaillé avec les femmes pour la célébration autour du 8 mars.
Et nous notre conclusion c\'était finalement que c\'était une parabole, un conte qui nous enjoignait à toujours faire confiance à Dieu, qui nous donnera toujours d\'une certaine façon en abondance, effectivement comme tu l\'as dit pas exactement ce qu\'on croyait, ce qu\'on voulait, ce qu\'on cherchait, mais que ça marchera surtout si on a confiance l\'une dans l\'autre, si on met en commun nos dons et nos charismes.
En fait, ce qui est intéressant avec cette histoire, c\'est que c\'est une femme qui est désespérée et il y a quelqu\'un qui la considère, et qui s\'intéresse à elle, et qui l\'écoute.
Et un peu plus loin, on verra aussi qu\'il y a tout un réseau de voisinage.
Ce qui est intéressant dans tous ces textes bibliques, c\'est qu\'ils sont de toute éternité finalement. Ils pourront toujours nous parler, mais plus on veut qu\'ils fonctionnent comme des incantations magiques ou comme des formules magiques, moins ils vont nous offrir de l\'air, de l\'espace, de la place dans nos vies, dans nos têtes et dans nos cœurs.
 

Qui bénéficient braiment de cette prospérité

 
[Stéphane] Et dans ces récits, je pense qu\'on peut inviter les gens à réfléchir à qui bénéficie de ça.
Dans cet exemple, Élie ne dit pas « Donne-moi 50 pièces d\'or et tu auras du pain pour le reste de tes jours. » Non! Vas-y, fais le pain et tu vas voir, ça va bien aller.
Parce que c\'est ça aussi, à quelque part.  Là, je vais aller dans les extrêmes.
Ces pasteurs, moi, je vois surtout Américains qui disent « Envoyez-moi de l\'argent pour que je m\'achète un jet privé. » Ce n\'est pas parce que je veux un jet privé, mais j\'ai cette mission d\'aller enseigner l\'Évangile de par le monde. Il faut que je me déplace. Donc, envoyez-moi cet argent-là et tout le monde va en profiter.
Qui en profite ici?
Moi et Joan, on s\'en va des courtes vidéos, parfois un peu rigolotes. Quelles quarantenaire ou cinquantenaire ne font pas ça?
Je crois que c\'est un pasteur, avec son micro, il dit « Ah, ne demandez pas où va l\'argent des offrandes. Non, pensez que vous êtes les sponsors du royaume de Dieu. « Sponsor du royaume de Dieu! » Mais où va l\'argent? Dans quelle poche?
De partager nos ressources, oui, j\'en suis. Je pense que ça fait partie du message du Christ. Je pense que ça fait partie du message de l\'Évangile.
On partage ce qu\'on a et on peut mettre des choses ensemble et on peut accomplir plus lorsqu\'on est ensemble. Et encore une fois, tout va bien. Je pense que oui, ça a absolument du sens.
Mais c\'est lorsqu\'on sent qu\'il y a quelqu\'un qui s\'enrichit derrière ça et que de croire à cette théorie du ruissellement de la richesse, si les riches s\'enrichissent, les gens en dessous vont s\'enrichir nécessairement. Encore une fois, on sait que ça ne fonctionne pas.
Cela fonctionne seulement pour les ultrariches, bien sûr, mais pour monsieur et madame tout le monde, ça ne fonctionne pas.
On revient avec cette idée de récompense.
Si on travaille fort, on est récompensé. La pauvreté, on entend ça beaucoup, particulièrement avec ce que j\'appelle les discours fascistes, c\'est la faute des pauvres, s\'ils sont pauvres.  Ils n\'ont qu\'à travailler plus fort, qu\'à changer le niveau de métier, de changer de condition de travail. Telle personne a réussi de sortir de la misère, donc tout le monde est capable de sortir de la misère.
Ce n\'est pas vrai qu\'on commence tous au même point dans la vie.  Ce n\'est pas vrai qu\'on commence tous et toutes à zéro.
Il y a des gens qui commencent leur vie à 50, il y a des gens qui commencent leur vie à moins 100, parce que les conditions sociales, par le pays dans lequel on vient au monde.  C\'est sûr que moi je suis venu au monde au Canada, si j\'étais venu au monde en Afghanistan, ça serait drôlement plus difficile.
Ce n\'est pas vrai que tous et toutes peuvent s\'en sortir juste en ayant la bonne foi, les bonnes prières et la confiance en Dieu que la richesse va me tomber dessus comme la manne dans le désert.
 

Être transparent avec notre argent

 
[Joan] Tout ce temps passé à prêcher, la prospérité individuelle, la richesse, l\'enrichissement, tout ce temps-là, c\'est du temps pendant lequel on n\'enseigne pas d\'autres choses aux gens, en fait. C\'est ça qui m\'inquiète.
Ce n\'est que ce n\'est pas une bonne façon de partager la Bible, ce n\'est pas une bonne façon de faire grandir une communauté.
C\'est vrai qu\'on a, il faut en parler peut-être, c\'est peut-être l\'occasion de cette émission, on a cette pratique d\'envoyer des lettres de demande de dons, souvent dans les Églises luthéro-réformées, deux fois par an, on fait une circulaire et puis on explique un peu la situation, la chaudière, le truc, le machin.
Ici, dans le canton de Vaud, toutes ces réparations sont prises en charge par l\'État, en tout cas pour l\'instant. Donc il y a moins cette tradition d\'expliquer qu\'on a un problème de porte et de chaudière et qu\'il y a une fenêtre qui s\'est détachée.
Mais dans l\'Église dans laquelle on servait en Alsace, on devait le faire en fait.
En quelque sorte, les paroissiens sont aussi des adhérents, des cotisants.
Ils ont le droit de savoir ce qu\'on a fait avec leur argent. Ils ont le droit de pouvoir planifier éventuellement d\'autres dons le prochain semestre en fonction des besoins matériels de la communauté.
C\'est vrai qu\'il faut en dire un mot, c\'est vrai qu\'on demande de l\'argent aussi pour fonctionner parce qu\'on est comme tout le monde, on a une vie de foi, une vie spirituelle.
On a besoin d\'argent pour fonctionner. Et ça, c\'est OK et ça fait partie un petit peu du tout, un petit peu comme quand tu es dans un club de sport, de temps en temps, ils font du fundraising, voilà.
Et puis après, il y a le cœur de notre vie communautaire, ce qui fait qu\'on est en communion, ce qui fait qu\'on partage quelque chose.
Moi, je resterais luthérienne, c\'est parole et sacrement, parole et sacrement. On est là pour partager la parole, vivre les sacrements, adorer. Parole, sacrement, adoration.
Et puis, activité de lien, passer du temps ensemble, se connaître, se soutenir, avancer ensemble pour construire le royaume.
Finalement, si tu passes tellement de temps à parler d\'argent ou de prospérité aux gens, est-ce que véritablement tu mets l\'accent sur les autres choses importantes? Je n\'en suis pas sûre.
 

Se centrer sur la mission

 
[Stéphane] J\'ai l\'impression qu\'il y a eu tellement d\'abus, et il y a encore tellement d\'abus, que pour plusieurs Églises, dont celle à laquelle j\'appartiens, l\'Église Unie du Canada, il y a comme un malaise de parler d\'argent. On ne sait pas trop comment bien le faire.
On a tendance à se tourner vers des méthodes faciles, des méthodes peut-être un peu plus corporatives, de dire qu’on va vous demander de l\'argent, un peu le principe de l\'abonnement ou des choses comme ça.
Un des conseils que j\'ai reçus, que j\'ai vraiment aimé, c\'est de regarder les institutions qui ont des missions.
On m’avait donné l\'exemple d\'un hôpital pour enfants de la région.
Quand ils vous envoient des lettres, ils ne vous parlent pas des revenus, des dépenses, il faut changer, comme tu as dit, la porte, la chaudière, peu importe.
Elles parlent, ces institutions, de leur mission.
Elles parlent de guérir des enfants. Et je crois que c\'est quelque chose, un peu comme tu dis, lorsqu\'on parle juste d\'argent, on perd de vue la mission.
Une Église ne devrait pas chercher de l\'argent pour boucler le budget à la fin de l\'année.
Une Église devrait trouver sa mission spécifique dans son contexte et trouver ensuite les outils qui, entre autres, est l\'argent, mais aussi les bénévoles, mais aussi les appuis d\'autres organismes pour accomplir ses missions.
Moi, je suis quelqu\'un comme ça, je ne suis pas le seul. Je suis toujours inspiré lorsque je sais pourquoi je donne.
On va accueillir des réfugiés. On va aider un groupe de jeunes mères monoparentales en situation désavantagée. Il y en a tellement de choses.
Donc, le message n\'est pas sur l\'argent.
Je ne donne pas pour recevoir plus d\'argent, je donne à une cause, je donne à une mission, je donne à un ministère.
Et c\'est ça que je crois qu\'on doit se réapproprier ce langage-là, de dire, nous, c\'est ça notre travail.
On fait des trucs. On ne peut pas tout faire, on ne peut pas aider tout le monde, malheureusement, c\'est triste, mais ça, on peut le faire. Est-ce que tu as le goût de participer à cette réalisation-là du royaume de Dieu, ou ce petit projet bien précis dans le temps et géographiquement, peu importe, et d\'aborder la question financière sous cet angle-là?
Il y a un lien qu\'il faut rétablir et un lien qu\'il faut qu\'il soit fort.
 

La condamnation de la théologie de la prospérité

 
[Joan] Et dans ce cas-là, tu es redevable, c\'est-à-dire tu es responsable, le fameux terme très, très nord-américain de accountability.
Et c\'est la raison pour laquelle, quand on fait des levées de fonds, quand on demande de l\'argent, c\'est ciblé, c\'est pour la chaudière, c\'est pour la porte, c\'est pour les familles monoparentales.
Voilà quoi, on est redevable, on doit pouvoir expliquer si l\'argent va pour un jet. Si l\'argent va pour une fortune personnelle, on n\'est plus digne de confiance et ça ne va pas.
Et cette confiance-là même, figurez-vous que le Conseil national des évangéliques de France ne la donne pas aux communautés, aux pasteurs, aux prédicateurs qui se réclament de l\'Évangile de la prospérité ou de la théologie de la prospérité.
Il la qualifie de « corde à trois brins ».
D\'un côté, on l\'a beaucoup dit, la richesse matérielle, mais aussi la santé, dont on a moins parlé, mais tu en as parlé pour un bout, de dire qu\'on peut très bien faire tout plein de prières et être en mauvaise santé, il n\'y a pas de lien.
Et puis aussi, quelque chose qui nous met assez mal à l\'aise du côté des luthéro-réformés, la libération des démons. Le fait que si tu pries assez, tu seras libéré des démons. Et puis tu vois, dans le contexte de la migration, par exemple Stéphane, être libérés des démons, ça peut être libéré des démons qui t\'empêchent d\'avoir un passeport.
Donc tu vas faire des jeûnes, tu vas faire des pratiques de contrition, tu vas donner le peu d\'argent que tu as à tes pasteurs ou à je ne sais pas trop qui pour qu\'ils intercèdent, pour que les démons libèrent ta demande de passeport, par exemple, ou de visa plutôt d\'ailleurs.
C\'est quand même épatant, cette manipulation qui est derrière là.
Et bien sûr, tout ça, c\'est pour te dire, si tu adoptes telle, telle, telle pratique dont moi, je te fais la liste, tu auras la bénédiction spirituelle. Et ça, par contre, la bénédiction spirituelle, ça pourrait faire l\'objet d\'un autre épisode.
Bien malin sera celui ou celle qui saura comment fonctionne cette affaire de bénédiction spirituelle.
 

Croire en la prospérité pour tous et toutes

 
[Stéphane] Mais je crois que c\'est une invitation pour nous tous et toutes de croire en l\'amour de Dieu qui n\'est pas réservé ou qui n\'est pas transmis par une ou certaines castes de personnes bien précises.
Moi, je crois en l\'abondance, et l\'abondance pour tous et toutes. Moi, je crois que nous avons déjà tout ce qu\'il nous faut pour, par exemple, nourrir l\'humanité.
Il y a assez de nourriture pour nourrir l\'humanité. S\'il y a des famines, c\'est parce que nous, êtres humains, avons de la difficulté à partager et on ne croit pas en cette abondance divine la même chose pour les faveurs divines, les bénédictions.
Si je crois que Dieu n\'a pas de favoris, si je crois que Dieu répand ses bienfaits à l\'ensemble de l\'humanité, ben je n\'ai peut-être pas besoin de passer par une théologie de la prospérité ou quelqu\'un qui en fait la promotion pour essayer peut-être d\'avoir une plus grande part du gâteau que normalement je pourrais avoir si je suis capable de faire confiance.
Cela ne veut pas dire nécessairement d\'être passif, mais confiance que nous avons tout ce que nous avons collectivement pour réussir.
Le fardeau n\'est pas sur Dieu, le fardeau n\'est pas sur deux, trois personnes, le fardeau est sur nous tous et nous toutes, de dire qu’on peut faire un meilleur monde.
Ça fait partie de ma compréhension du royaume de Dieu. Ce n\'est pas juste Dieu qui arrive, qui établit toutes les normes et voilà, je vous sauve, tout va bien. Ça fait partie de nous aussi, nous avons notre part à faire pour créer un meilleur monde, une meilleure société, avec les outils qu\'on a en notre possession et qu\'il y en a suffisamment pour tout le monde.
 

Conclusion

 
[Joan] Merci en tout cas à Martin de nous avoir emmenés dans cette exploration. C\'est vrai que là, on est assez d\'accord, Stéphane et moi. Il n\'y avait pas l\'un des deux qui a dit « ouais, non, c\'est génial » et tout.
Mais on est assez d\'accord parce que je pense qu\'on va toujours montrer un front uni lorsqu\'il s\'agira de manipulation lorsqu\'il s\'agira de tirer un peu sur la corde sensible, lorsqu\'il s\'agira de personnes qui peuvent être vulnérables, des personnes malades, des personnes qui traversent des difficultés économiques, des difficultés amoureuses, des difficultés de toutes sortes.
Et là, je pense qu\'on sera toujours alignés, qu\'on ne va pas vous offrir un débat contradictoire parce qu\'on trouve ça inadmissible, je crois, tous les deux, que la Bible soit utilisée à des fins personnelles.
Et cette théologie de la prospérité, peut-être que des gens très bien l\'utilisent, parce que c\'est des gens qui croient bien faire, mais je crois qu\'à certains moments, il faut poser un signe et poser un stop, et se lever pour dire que ce sont des pratiques qu\'on ne peut pas accepter.
Et donc voilà, c\'était un épisode sans contradiction, on était pleinement alignés.
[Stéphane] Merci à l\'Église unie du Canada qui nous permet de faire ce projet et le diffuser sur plusieurs plateformes. Et si vous voulez rentrer en contact avec nous, nous vous donnons non pas notre compte bancaire, mais... notre adresse courriel qui est [email protected].  
Laissez-nous vos commentaires, on adore. Si vous avez des suggestions, en voici la preuve, cet épisode.
On vous écoute, on essaie de répondre à vos interrogations dans nos propres mesures, avec nos propres capacités. À très bientôt, Joan. À bientôt. Et sois béni, abondamment béni. Ah, ben oui. Et à la prochaine!