Qu’est-ce que l’érotophobie ?
Le mot peut sembler technique, mais le phénomène qu’il désigne est bien plus courant qu’on ne l’imagine. L’érotophobie, du grec eros (le désir, l’amour) et phobos (la peur), désigne littéralement la peur ou l’aversion envers tout ce qui touche à la sexualité. Elle ne se réduit pas à une simple gêne passagère : c’est un véritable trouble qui peut impacter la qualité de vie et la santé mentale.Il faut distinguer l’érotophobie en tant que phobie clinique — une peur intense et irrationnelle pouvant provoquer crises d’angoisse et évitement — d’une forme plus diffuse et sociale. Dans ce second cas, on parle d’une attitude érotophobe : un malaise chronique face à la sexualité, aux discussions sur le sujet, aux représentations sexuelles ou même à son propre corps.Les manifestations varient selon les individus. Certaines personnes évitent les contacts intimes ou refusent de s’exprimer sur leur sexualité. D’autres éprouvent de la honte ou de la culpabilité à ressentir du désir. Cela peut entraîner des blocages relationnels, des difficultés conjugales ou des troubles sexuels (tels que le vaginisme, la dysfonction érectile ou l’anorgasmie).Mais d’où vient cette peur ? L’origine est souvent multifactorielle. L’éducation joue un rôle clé : un cadre familial répressif, une culture marquée par des tabous sexuels, ou une absence d’éducation sexuelle positive peuvent ancrer des peurs profondes. Les expériences traumatiques — comme les abus sexuels ou des relations marquées par la violence — en sont une autre cause majeure.Au niveau sociétal, l’érotophobie est alimentée par des discours culpabilisants et des représentations négatives de la sexualité. Dans certaines cultures, le corps et le plaisir sont perçus comme des sujets honteux. Cette stigmatisation collective renforce le repli sur soi et l’évitement.Les conséquences sur la santé mentale sont significatives : anxiété, dépression, troubles de l’estime de soi. Sur le plan physique, une sexualité inhibée peut perturber l’équilibre hormonal et nuire au bien-être global.Heureusement, l’érotophobie se soigne. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est souvent recommandée : elle aide à déconstruire les croyances négatives et à affronter progressivement les situations anxiogènes. La sexothérapie, les groupes de parole et une éducation sexuelle bienveillante jouent aussi un rôle essentiel.En brisant les tabous et en valorisant une approche positive et respectueuse de la sexualité, on peut progressivement libérer la parole… et les esprits. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d\'informations.