Wed 13 Dec 2023
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Choses à Savoir SANTE

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Choses à Savoir SANTE


Face aux tensions d’approvisionnement et dans le cadre de lutter contre des prescriptions trop automatiques qui favorisent l’antibiorésistance, certains antibiotiques devraient être délivrés à l’unité à partir de 2024. Les pharmaciens ont d’ores et déjà réagi en pointant du doigt plusieurs risques à ce genre de pratique.
Pourquoi délivrer des antibiotiques à l’unité ?
Conformément à la loi AGEC de 2020 contre le gaspillage, le Gouvernement français traque les produits qui partent régulièrement à la poubelle alors qu’ils sont encore utilisables. Les antibiotiques en font partie. De nombreux patients stoppent le traitement avant la fin, ou reçoivent plus de médicaments de la pharmacie qu’ils n’en ont besoin, à cause des formats de conditionnement. C’est en partie pour lutter contre cette perte que l’État explore la piste d’une délivrance à l’unité.
Mais d’autres points justifient aussi cette réflexion, comme la pénurie de médicaments qui frappe l’Hexagone ces derniers mois, ou l’antibiorésistance, majorée par la prescription et l’utilisation importante des antibiotiques. Les pharmaciens devraient donc pouvoir délivrer la juste dose pour chaque maladie. Cela éviterait que les antibiotiques restants dans la boîte ou le flacon ne soient utilisés en automédication lors d’une autre maladie, ou sur une autre personne du foyer.
Les risques de la délivrance à l’unité des médicaments
Le premier problème relatif à la délivrance des antibiotiques à l’unité est l’absence d’emballage. Si les comprimés sont fournis dans un sachet ou un flacon qui n’est pas d’origine, comment le patient peut-il consulter la notice et les recommandations du fabricant ? Sans emballage, des comprimés peuvent aussi être rapidement confondus, échangés ou perdus par le patient.
Ensuite, une prescription à l’unité doit être extrêmement rigoureuse. La personne concernée obtient le juste nombre de médicaments et est tenue de respecter un dosage très minutieux. Si elle égare ou abime un seul comprimé, elle doit retourner en pharmacie et justifier son besoin d’en obtenir un nouveau.
L’un des autres problèmes relevés par les pharmaciens concerne la conservation et le stockage adéquat des médicaments. En l’absence d’information sur les instructions de température, d’exposition à la lumière ou d’humidité, le patient ne dispose pas des connaissances nécessaires pour préserver au mieux son traitement. Le suivi des lots pose également question, car les fabricants commercialisent les antibiotiques par boîtes. En cas de séparation manuelle des comprimés par le pharmacien, le suivi de chaque médicament devient plus complexe.
Enfin, la vente à l’unité ne semble pas convenir à certaines préparations courantes comme les sirops ou les poudres. Les pharmaciens attendent donc d’en savoir plus sur les modalités d’application de cette décision qui fait pour l’instant largement débat.

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