Pourquoi l'Europe connait-elle une pénurie de médicaments ?
L’Europe traverse depuis plusieurs années une pénurie chronique de médicaments. Derrière les rayons parfois vides des pharmacies, c’est tout un système qui montre ses limites. Les causes sont multiples, mais une idée centrale revient : notre continent est devenu dépendant, fragile et mal coordonné.
Tout commence par la dépendance extérieure. Aujourd’hui, plus de 80 % des ingrédients actifs utilisés dans les médicaments européens sont produits en Asie, principalement en Chine et en Inde. Pendant des décennies, les laboratoires ont délocalisé leur production pour réduire les coûts, sans anticiper les risques. Résultat : lorsqu’une usine asiatique ferme temporairement ou rencontre un problème logistique, les conséquences se répercutent jusqu’aux hôpitaux européens.
Cette vulnérabilité s’est traduite par une explosion des ruptures. Selon l’Agence européenne du médicament (EMA), 136 pénuries critiques ont été signalées entre 2022 et 2024, concernant des produits essentiels comme les antibiotiques, les traitements contre le cancer ou les anticoagulants. Dans la moitié des cas, les autorités ont été prévenues trop tard, parfois une fois les stocks déjà vides.
Le problème vient aussi de la manière dont l’industrie fonctionne. Beaucoup de médicaments génériques ne sont produits que dans un seul site mondial, souvent en dehors de l’Union européenne. Si cette usine s’arrête, toute la chaîne tombe. Les prix, tirés vers le bas par les appels d’offres publics, découragent les fabricants de maintenir plusieurs lignes de production. Faire « au moins cher » devient alors synonyme de prendre le plus grand risque.
À cela s’ajoutent les dysfonctionnements internes au marché européen. Chaque pays a ses règles, ses prix et ses circuits. Les grossistes réexportent parfois les stocks vers des pays où les prix sont plus élevés, créant des pénuries locales. En hiver, les épidémies font bondir la demande d’antibiotiques, mais la production, rigide et planifiée, met plusieurs mois à s’ajuster.
L’Union européenne tente de réagir. En 2024, elle a lancé une plateforme de suivi des pénuries et un mécanisme de solidarité entre États membres. Mais ces outils restent partiels : ils agissent en aval, une fois la crise déjà là.
En 2023, chaque pharmacien européen a passé en moyenne près de dix heures par semaine à gérer des ruptures, contre trois heures dix ans plus tôt. Derrière ces chiffres, il y a des patients privés de leurs traitements, des médecins contraints de modifier leurs prescriptions, et des professionnels de santé à bout.
En somme, la pénurie de médicaments en Europe n’est pas une fatalité : c’est le résultat d’un système mondialisé qui a troqué la sécurité contre l’économie, et qui découvre aujourd’hui, à ses dépens, le prix de sa dépendance. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d\'informations.
Tout commence par la dépendance extérieure. Aujourd’hui, plus de 80 % des ingrédients actifs utilisés dans les médicaments européens sont produits en Asie, principalement en Chine et en Inde. Pendant des décennies, les laboratoires ont délocalisé leur production pour réduire les coûts, sans anticiper les risques. Résultat : lorsqu’une usine asiatique ferme temporairement ou rencontre un problème logistique, les conséquences se répercutent jusqu’aux hôpitaux européens.
Cette vulnérabilité s’est traduite par une explosion des ruptures. Selon l’Agence européenne du médicament (EMA), 136 pénuries critiques ont été signalées entre 2022 et 2024, concernant des produits essentiels comme les antibiotiques, les traitements contre le cancer ou les anticoagulants. Dans la moitié des cas, les autorités ont été prévenues trop tard, parfois une fois les stocks déjà vides.
Le problème vient aussi de la manière dont l’industrie fonctionne. Beaucoup de médicaments génériques ne sont produits que dans un seul site mondial, souvent en dehors de l’Union européenne. Si cette usine s’arrête, toute la chaîne tombe. Les prix, tirés vers le bas par les appels d’offres publics, découragent les fabricants de maintenir plusieurs lignes de production. Faire « au moins cher » devient alors synonyme de prendre le plus grand risque.
À cela s’ajoutent les dysfonctionnements internes au marché européen. Chaque pays a ses règles, ses prix et ses circuits. Les grossistes réexportent parfois les stocks vers des pays où les prix sont plus élevés, créant des pénuries locales. En hiver, les épidémies font bondir la demande d’antibiotiques, mais la production, rigide et planifiée, met plusieurs mois à s’ajuster.
L’Union européenne tente de réagir. En 2024, elle a lancé une plateforme de suivi des pénuries et un mécanisme de solidarité entre États membres. Mais ces outils restent partiels : ils agissent en aval, une fois la crise déjà là.
En 2023, chaque pharmacien européen a passé en moyenne près de dix heures par semaine à gérer des ruptures, contre trois heures dix ans plus tôt. Derrière ces chiffres, il y a des patients privés de leurs traitements, des médecins contraints de modifier leurs prescriptions, et des professionnels de santé à bout.
En somme, la pénurie de médicaments en Europe n’est pas une fatalité : c’est le résultat d’un système mondialisé qui a troqué la sécurité contre l’économie, et qui découvre aujourd’hui, à ses dépens, le prix de sa dépendance. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d\'informations.