Thu 9 Nov 2023
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Choses à Savoir SANTE

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Choses à Savoir SANTE


C’est l’un des pesticides les plus controversés et les plus utilisés dans le monde. Le glyphosate, de formule chimique C3H8NO5P, est un herbicide systémique capable d’éliminer un large éventail de plantes, ces dernières comprenant aussi bien des mauvaises herbes que des plantes cultivées. C’est la marque Monsanto qui l’a d’abord commercialisé en 1974, avant que le brevet ne devienne public et permette à d’autres marques de s’en saisir après 2000. Le 13 octobre 2023, les pays membres de l’Union Européenne ont débattu sur les dangers du glyphosate sans parvenir à s’entendre.
Pourquoi le débat est-il rouvert sur l’autorisation du glyphosate ?
En 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’Efsa, rendait les résultats de son étude sur le glyphosate. Elle estimait que les niveaux d’exposition au pesticide rendaient improbable le risque cancérogène chez l’homme, alors même que le Centre international de recherche sur le cancer classait la même année la substance comme probablement cancérogène.
En octobre 2017, une initiative citoyenne européenne recueillant 1 070 865 signatures a été déposée devant la Commission européenne. Elle mettait en avant les risques liés au glyphosate et demandait son interdiction. Mais, s’appuyant sur les résultats de l’Efsa, la Commission européenne a tranché pour une autorisation jusqu’en décembre 2022, pour laquelle la France avait exprimé son désaccord.
Cette autorisation a été réévaluée et prolongée jusqu’en décembre 2023. Les États membres de l’UE discutent donc activement de l’intérêt de renouveler ou non l’autorisation d’utilisation du glyphosate.
Un sujet complexe et controversé
Ce qui rend le débat si complexe, c’est que les preuves scientifiques sur la dangerosité du glyphosate ne sont pas concluantes ou, au mieux, divergentes. La Commission européenne estime que les nouvelles informations relatives aux risques pour la santé ne devraient pas être disponibles rapidement, ce qui l’a conduit à proposer le 13 octobre 2023 une autorisation de 10 ans supplémentaires.
Le poids économique du glyphosate pèse largement dans la balance. Une interdiction de ladite substance, peu onéreuse et très efficace, pourrait amoindrir considérablement les rendements des cultures et pousser les agriculteurs vers des alternatives plus coûteuses. La pression de Bayer-Monsanto auprès des décideurs est également un biais majeur, au vu de la puissance économique du groupe.
Au sein des membres de l’UE, les pays les plus riches comme la France tendent à promouvoir une interdiction, tandis que les pays plus faibles économiquement s’avèrent plus réticents à prendre des mesures aussi strictes. Alors que l’UE adopte volontiers le principe de précaution en termes de réglementation des produits chimiques, elle se heurte ici à des considérations économiques cruciales et à des données scientifiques non convaincantes.
L’avenir du glyphosate
Sous réserve d’acceptation de la majorité qualifiée, le glyphosate sera toujours autorisé après décembre 2023, ce qui n’empêchera pas les États désireux de s’en passer de promouvoir des alternatives plus saines. Dans tous les cas, la Commission européenne devra se décider avant la fin de l’année sur les suites à donner à cette histoire qui divise même l’opinion publique.
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