Fri 18 Apr 2025
Podcast /
Choses à Savoir SANTE

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Choses à Savoir SANTE


Aujourd’hui, je vous emmène dans un voyage fascinant à l’intérieur du cerveau...Un moment mystérieux que beaucoup ont vécu, mais que peu comprennent vraiment : l’anesthésie générale.
Remontons un instant dans le passé.Le 16 octobre 1846, à Boston, au Massachusetts General Hospital, un dentiste du nom de William Morton réalise la première démonstration publique réussie d’une anesthésie générale à l’éther.Ce jour-là, un patient subit l’ablation d’une tumeur au cou... sans douleur, ni cri.Une révolution est née.Avant cela, la chirurgie relevait de l’épreuve de force : on opérait à vif, rapidement, et dans la souffrance.Depuis cette date, l’anesthésie générale a sauvé des millions de vies en rendant possibles des interventions longues, complexes… et indolores.
Lorsque vous êtes allongé sur la table, une équipe vous entoure. Une seringue est connectée à votre bras, une substance s’écoule. Et, très vite... plus rien.Pas de rêve, pas de sensation, pas de douleur. Comme si l’on avait appuyé sur un bouton \"off\".
Mais ce n’est pas un simple sommeil.
Des études en imagerie cérébrale montrent que l’anesthésie ne mime pas le sommeil, mais provoque une déconnexion brutale entre les différentes zones du cerveau, notamment entre le thalamus – une sorte de centre de tri sensoriel – et le cortex, responsable de la conscience.Les signaux sensoriels n’arrivent plus à destination. Résultat : le cerveau ne perçoit plus le monde extérieur.
Ce phénomène est orchestré par des molécules puissantes : propofol, kétamine, halogénés comme le sévoflurane… Ces agents anesthésiques modifient en profondeur la chimie cérébrale.
Leur cible principale ? Les neurotransmetteurs, ces messagers chimiques entre les neurones.Parmi eux, le plus important ici s’appelle GABA, le grand régulateur de l’activité neuronale.Les molécules anesthésiques agissent comme des \"amplificateurs\" de ce neurotransmetteur.En se liant à ses récepteurs, elles renforcent son effet inhibiteur, ralentissant ou stoppant carrément la transmission des signaux nerveux.
Résultat ?Le cerveau devient moins excitable, les réseaux de neurones cessent de communiquer efficacement entre eux, et l’activité cérébrale s’effondre progressivement, un peu comme si on plongeait un ordinateur en mode veille.
Mais ce n’est pas tout.D’autres molécules anesthésiques comme la kétamine bloquent un autre récepteur fondamental : le NMDA, impliqué dans la transmission de la douleur et de la conscience.D’autres encore agissent sur des canaux ioniques, modifiant la façon dont les neurones échangent les signaux électriques.
En clair : c’est tout un orchestre neurochimique qui est désorganisé volontairement, pour plonger le cerveau dans un état de silence contrôlé.
Et pourtant, le cerveau n’est pas mort. Il continue de réguler la respiration, le rythme cardiaque, la température... comme s’il restait en mode automatique.
Puis vient le réveil. Là encore, c’est mystérieux : certains patients mettent quelques secondes, d’autres plusieurs minutes.Le cerveau se reconnecte progressivement. Il n’est pas rare de se sentir confus, désorienté, voire agité dans les premières minutes.
Et dans de très rares cas – un pour 15 000 environ – une conscience résiduelle peut persister pendant l’opération : on parle alors de conscience peropératoire.Le patient est paralysé, incapable de parler, mais entend ou ressent partiellement. Cela reste rare, mais suffisamment sérieux pour que les anesthésistes utilisent aujourd’hui des moniteurs de profondeur d’anesthésie.

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