é63 : une étude de cas (partie 1)
Les épisodes 63 et 64 sont un création radiophonique bilingue de fiction spéculative. Il a pour cadre un séminaire universitaire de premier cycle en histoire intitulé \"Histoire de 2021 au Canada\". Je tiens à remercier mon fils Riel pour l\'idée. L\'histoire se déroule dans un futur lointain, où un professeur présente une \" étude de cas \" basée sur la deuxième saison du balado conscient dans le cadre d\'un cours sur l\'art en 2021. L\'épisode est en deux parties, l\'épisode 63, partie 1 et l\'épisode 64, partie 2. Vous verrez qu\'ils sont séparés par un événement, que vous entendrez. Il y a quatre personnes dans la classe : le professeur joué par moi-même, Claude Schryer, un jeune étudiant masculin est joué par mon fils Riel Schryer, une jeune étudiante, qui en ligne et donc pas dans la classe, est jouée par ma fille Clara Schryer et une étudiante adulte est jouée par ma femme Sabrina Mathews. Je tiens à remercier les acteurs. J\'espère que vous apprécierez cet épisode en deux parties qui marque le début de la troisième saison du balado conscient. Je vous en dirai plus bientôt sur ce que cette saison 3 impliquera. Un rappel que la plupart de la narration est en anglais, mais il y a des éléments et des extraits d\'entrevues qui sont en français et quelques-unes des narrations aussi. Merci de votre écoute. L\'épisode 63 contient des extraits des épisodes suivants de la saison 2 (par ordre d\'apparition) : e54 garrett (2m50s) (extrait avec Claude Schryer)é55 trépanier (4m57)e47 keeptwo (7m27s)e21 dufresne (8m38s)e23 appadurai (11m 26s)e26 klein (11h42s)é60 boutet (17m24s)e40 frasz (19m17s)e42 rosen (20m35s)e45 abbott (22m51s)e53 kalmanovitch (25m42s)e51 hiser (27m08s)e25 shaw (28m45s)Extrait de Reaper, e64Comédiens : Sabrina Mathews (étudiante adulte), Claude Schryer (professeur) and Riel Schryer (étudiant mal): Septembre 2021, OttawaComédiens: Clara Schryer (étudiante): Septembre 2021, Ottawa
Scénario (traduction)note : l\'enregistrement comporte des éléments supplémentaires qui ont été améliorés pendant l\'enregistrement (Bruits d\'élèves discutant, arrivant en classe et s\'asseyant) Enseignant : Bonjour les élèves. Nous allons commencer. Bienvenue au séminaire sur l\'histoire de 2021 au Canada. Comment allez-vous ? BIEN ? Je vois que nous avons 2 étudiants en classe et un en ligne. Donc, le sujet d\'aujourd\'hui est les arts et la crise écologique en 2021... As you know, History 2021 in Canada is a bilingual class, so feel free to speak in the language of your choice. Alors sentez-vous à l\'aise de parler dans la langue de votre choix dans ce cours ou en écrivant l\'un de vos devoirs. Très bien, par quoi allons-nous commencer ? Nous allons faire une étude de cas aujourd\'hui de la deuxième saison du podcast conscient, qui s\'est déroulée de mars à août 2021. Il a été produit par un artiste sonore d\'Ottawa, Claude Schryer, qui est maintenant décédé, mais j\'ai eu la chance que ses enfants, Riel et Clara, m\'aient gentiment aidé à faire certaines des recherches pour ce cours. Je veux vérifier si vous avez tous eu la chance d\'écouter le matériel du cours, qui était... des épisodes podcast conscients... 19 réalité et 62 compilation. Étiez-vous... Étudiant mâle (interrompant) : Excusez-moi, mais pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez choisi ce podcast ? Historiquement parlant, vous savez, il y avait d\'autres podcasts au Canada en 2021 qui exploraient aussi les questions d\'art et d\'environnement. Pourquoi celui-ci ? Enseignant : C\'est une très bonne question. J\'ai choisi la deuxième saison de ce podcast parce que Schryer explorait les thèmes de la réalité et du deuil écologique, qui étaient d\'actualité en 2021 et le sont encore aujourd\'hui. Et aussi parce qu\'elle nous donne un aperçu de ce que les artistes et les travailleurs culturels pensaient de la crise écologique à l\'époque. C\'était une année intéressante, 2021. C\'est l\'année où le sixième rapport du GIEC a été publié, c\'est l\'année où une grande partie de l\'ouest du Canada était en feu, qui sont malheureusement devenus la norme au Canada, c\'est aussi l\'année où SCALE, le Sectoral Climate Arts Leadership for the Emergency (LeSAUT : Leadership Sectoriel des arts sur l’urgence pour la transition écologique), qui est une organisation d\'urgence pour les arts et le climat, a été créée et bien d\'autres choses encore, c\'était une année charnière. Je vais commencer par vous faire écouter un enregistrement de Schryer lui-même expliquant ce qu\'est la saison 2 dans une conversation avec Ian Garrett dans l\'épisode 54. Écoutons-le. Pourquoi ai-je posé cette question ? La raison est que je la vivais moi-même. J\'avais l\'impression qu\'il fallait accepter la réalité pour pouvoir passer à une vie plus active, plus engagée... J\'ai dû faire face à ça. Le fait que c\'est si mauvais, que si je ne l\'accepte pas - surtout le fait que nous ne pouvons pas changer les choses - je ne peux pas fonctionner et aujourd\'hui même, le 25 mai, j\'ai eu une très mauvaise journée. Je pleurais dans ma tête sur la gravité de la situation et je perdais espoir, puis j\'ai lu ce magnifique article de Rebecca Solnit, qui disait qu\'il y a de l\'espoir parce que la combinaison de tous ces efforts... Vous avez fait beaucoup de choses, mais quand vous combinez cela avec des millions et des millions de personnes à travers le monde qui font une différence, cela va se rassembler et il y aura un point de basculement vers une sorte de... pas seulement un réveil, mais une action... une action collective. C\'est là que nous devons aller et c\'est là que nous allons. Etudiante (interrompant) OK, mais ce balado a été produit par un homme blanc avec tous les préjugés de l\'époque... Enseignant : C\'est un bon point. Schryer avait de bonnes intentions, il avait des préjugés inconscients dans son discours qui étaient typiques de sa génération et de son époque, mais nous nous concentrons sur ses invités, qui étaient très intéressants, et ils viennent d\'un large éventail de milieux culturels, d\'âges et de points de vue. Pourquoi ne pas commencer par l\'une de mes citations préférées de l\'épisode 55, car j\'ai pu les écouter toutes dans le cadre de mon travail pour ce cours. Il s\'agit de l\'artiste autochtone France Trepanier, qui était une artiste visuelle, une conservatrice et une chercheuse d\'ascendance kanien\'kéha:ka et française. Trépanier était connue dans la communauté artistique, notamment pour un projet intitulé Couleurs primaires, qui plaçait les arts indigènes au centre du système artistique canadien. Cet extrait est en français, je vous laisse donc écouter l\'enregistrement original puis j\'expliquerai ce dont parlait la France pour ceux qui ne comprennent pas le français, et bien sûr, vous pouvez aussi utiliser la fonction de traduction simultanée sur vos ordinateurs. Je pense que ce cycle du colonialisme, et de ce que ça a apporté, on est en train d\'arriver à la fin de ce cycle là aussi, et avec le recul, on va s\'apercevoir que cela a été un tout petit instant dans un espace beaucoup plus vaste, et qu\'on est en train de retourner à des connaissances très profondes. Qu\'est-ce que ça veut dire de vivre ici sur cette planète ? Ce que ça implique comme possibilité, mais comme responsabilité aussi de maintenir les relations harmonieuses ? Moi, je dis que la solution à la crise climatique c\'est cardiaque. Ça va passer par le cœur. On parle d\'amour avec la planète. C\'est ça, le travail. Enseignant : Ce que Trépanier dit ici, c\'est qu\'elle pense que le cycle de plus de 500 ans de colonialisme sur l\'île de la Tortue touchait à sa fin et nous savons maintenant qu\'elle avait raison, avec le mouvement d\'indigénisation de la culture canadienne qui a commencé à cette époque. C\'est à cette époque que les gens ont commencé à comprendre la véritable signification de la réconciliation. Dans cette citation, Trépanier parle de la responsabilité de chacun de maintenir des relations harmonieuses dans sa communauté et de notre besoin d\'aimer la planète. Est-ce que quelqu\'un a des questions jusqu\'à présent ? Non, alors je vais passer à... Étudiante (interrompant) : Attendez, professeur, êtes-vous en train de dire que les arts et la culture autochtones n\'étaient pas au cœur de la culture canadienne en 2021 ? Étudiante adulte : Je peux répondre à cette question ? Enseignant: Bien sûr, allez-y. Étudiante adulte : Au début de l\'histoire du Canada, la scène artistique et culturelle était dominée par les formes d\'art européennes et laissait peu de place aux voix autochtones. Cela faisait partie de la structure coloniale, mais cela a changé lorsque les gens ont commencé à écouter les voix autochtones et à apprendre la culture et les langues autochtones à l\'école, comme je l\'ai fait. Cette rééducation a conduit à un changement massif des institutions culturelles et à un changement de la vision du monde des gens. Enseignant : C\'est tout à fait exact. Merci pour cela. Laissez-moi vous donner un autre exemple d\'artiste indigène de la saison 2. Suzanne Keeptwo était une écrivaine et enseignante métisse qui a écrit un livre en 2021 intitulé We All Go Back to the Land : The Who, Why, and How of Land Acknowledgements.Cet extrait est tiré de l\'épisode 47 : Dans le travail que je fais et dans le livre que je viens de publier, intitulé We All Go Back to the Land, il s\'agit vraiment d\'une exploration de l\'Accord original et de sa signification aujourd\'hui. Je veux donc rappeler aux lecteurs autochtones notre Accord originel pour nourrir, protéger, honorer et respecter la Terre mère et tous les dons qu\'elle nous a faits, puis présenter cet Accord originel aux Canadiens non autochtones ou à d\'autres personnes dans le monde, afin que nous puissions ensemble, en tant qu\'espèce humaine, travailler à ce que j\'appelle l\'acte ultime de réconciliation : aider à guérir la Terre. Enseignant : Nous reviendrons sur les perspectives autochtones à la fin du cours d\'aujourd\'hui. Le prochain enregistrement que je veux vous faire écouter est celui de l\'épisode 21 avec le philosophe Dr Todd Dufresne, qui a écrit un livre en 2020 intitulé The Democracy of Suffering: Je pense que le capitalisme est terminé, mais le problème est que nous n\'avons rien pour le remplacer. C\'est là que nous avons besoin des artistes, et d\'autres personnes, pour nous dire quel genre de vision ils ont pour un avenir différent de celui-là : un avenir de jeu et de travail significatif serait un avenir qui, selon moi, n\'est pas seulement utopique, mais très possible. Il y a donc un avenir possible qui pourrait être bien meilleur qu\'il ne l\'est actuellement, mais nous n\'y parviendrons pas sans la démocratie de la souffrance telle que nous la vivons actuellement et telle qu\'elle se produira au moins au cours des 20, 30, 40 prochaines années jusqu\'à ce que nous trouvions une solution, mais nous devons trouver une solution rapidement. Enseignant : Eh bien, dans l\'ensemble, le Dr Dufresne avait raison. Nous sommes passés par beaucoup d\'angoisse physique et mentale, n\'est-ce pas, et nous le sommes toujours, en fait, avec les réinstallations, les rations alimentaires et tout cela, mais nous avons survécu et il est intéressant de voir que Dufresne avait raison de prédire que les artistes aideraient à articuler une vision de l\'avenir. Les artistes l\'ont toujours fait, mais c\'était particulièrement important à cette époque où la fenêtre de temps avant des dommages irréparables... se rétrécissait. On avait le sentiment à l\'époque qu\'il ne restait que quelques années et on avait raison. Nous verrons comment cela s\'est produit un peu plus tard, mais passons maintenant à l\'examen de certaines des causes de la crise écologique. Pourquoi cela s\'est-il produit et quelles étaient les conditions sous-jacentes ? L\'épisode 23présente la militante écologiste Anjali Appadurai, qui nous éclaire sur toute une série de questions de justice sociale et écologique. Quelqu\'un sait-il pourquoi Appadurai est célèbre dans l\'histoire de l\'activisme climatique ? Étudiant male : N\'était-elle pas celle qui a donné ce discours en 2011 en Afrique du Sud. Je l\'ai vu sur You Tube l\'autre jour dans mon cours d\'histoire de l\'équité sociale. Je pense que je peux vous le faire écouter depuis mon ordinateur portable. Le voici (note : qualité audio médiocre) Je parle au nom de plus de la moitié de la population mondiale. Nous sommes la majorité silencieuse. Vous nous avez donné un siège dans cette salle, mais nos intérêts ne sont pas sur la table. Que faut-il faire pour avoir un enjeu dans ce jeu ? Des lobbyistes ? L\'influence des entreprises ? De l\'argent ? Vous avez négocié toute ma vie. Pendant tout ce temps, vous n\'avez pas respecté vos engagements, vous avez manqué des objectifs et vous n\'avez pas tenu vos promesses. Enseignant : Merci. C\'est vrai. Regardez l\'intégralité du discours quand vous en aurez l\'occasion. Maintenant, écoutons Anjali dans sa conversation avec Schryer. Cet excepté est assez amusant parce qu\'ils font une promenade sonore dans un parc de Vancouver et vous entendez certains des paysages sonores de l\'époque, comme les corbeaux et ces véhicules à essence bruyants pendant la conversation qui étaient typiques de cette époque bruyante. Bien sûr, tout cela semble bien différent aujourd\'hui. Voici un extrait de leur conversation. La crise climatique et la crise écologique au sens large sont le symptôme d\'une maladie plus profonde, à savoir cette rupture avec la nature, ce germe de domination, d\'accumulation, de cupidité et d\'envie de dominer les autres par le biais du colonialisme, de l\'esclavage, de l\'altération - la racine est en fait l\'altération - et c\'est quelque chose que les artistes peuvent toucher. C\'est cela qu\'il faut guérir, et lorsque nous aurons guéri cela, à quoi ressemblera le monde de l\'autre côté d\'une transition juste ? Je ne veux vraiment pas croire qu\'il ressemble exactement à ça, mais avec du solaire. La première langue que la colonisation a cherché à supprimer, qui était celle des peuples indigènes, est celle où se trouvent beaucoup de réponses. Enseignant : Appadurai a donc travaillé en étroite collaboration avec un autre activiste, Seth Klein, sur un projet intitulé Climate Emergency Unit qui établit un parallèle entre l\'effort du Canada pendant la Seconde Guerre mondiale et les efforts nécessaires pour réaliser une transition juste et éviter les pires conséquences du changement climatique, en se basant sur le livre de Seth, A Good War : Mobilizing Canada for the Climate Emergency. Étudiante : Pouvez-vous nous en dire plus sur le... Climate Emergency Unit ? Que leur est-il arrivé ? Enseignant : Eh bien, je sais qu\'ils étaient financés par l\'Institut David Suzuki et qu\'ils avaient quatre objectifs. Voyons si je peux m\'en souvenir, oh, je les ai juste ici : dépenser ce qu\'il faut pour gagner, créer de nouvelles institutions économiques pour faire le travail, passer de politiques volontaires et incitatives à des mesures obligatoires et dire la vérité sur la gravité de la crise et communiquer un sentiment d\'urgence sur les mesures nécessaires pour la combattre. L\'unité a été dissoute une fois ces objectifs atteints ou du moins suffisamment avancés pour pouvoir passer à autre chose. Étudiante : (interrompant) : C\'est incroyable. Enseignant : Oui, ça l\'était, mais c\'était une bataille difficile, mais nous sommes reconnaissants qu\'ils aient persisté, ainsi que des milliers d\'autres initiatives environnementales similaires dans le monde à l\'époque, et surtout une fois qu\'ils ont été combinés et que les gens ont travaillé ensemble en tant que communauté et qu\'ils ont pu nous éloigner, et tous les êtres vivants, du précipice de la catastrophe et vers le rétablissement que nous connaissons aujourd\'hui. Bien sûr, nous sommes toujours en crise aujourd\'hui, mais en 2021, ils n\'avaient aucune idée s\'ils allaient réussir. C\'était une période de grande incertitude, comme le début de la Deuxième Guerre mondiale en 1940, lorsque le Canada et ses alliés ne savaient pas si leurs efforts pour combattre le fascisme en Europe allaient aboutir. Écoutons Seth Klein, leader de l\'Unité d\'urgence climatique de l\'épisode 26, et son intérêt pour les arts afin de rallier les gens à cette cause : Voici le défi que je lance aux artistes aujourd\'hui. Nous commençons à voir des artistes dans de nombreux domaines artistiques produire des œuvres sur le climat et l\'urgence climatique, ce qui est important et bon à voir. Ce qui me frappe, c\'est que la plupart de ces œuvres sont dystopiques, elles évoquent l\'horreur du monde si nous ne parvenons pas à nous relever. Dans une certaine mesure, cela a du sens car c\'est effrayant et horrible, mais ce qui m\'a intrigué dans ce que les artistes produisaient pendant la guerre, c\'est que dans l\'ensemble, ce n\'était pas dystopique, même si la guerre était horrible. Cela nous ralliait : le ton nous ralliait. En faisant mes recherches, je me suis surprise à écouter cette musique et à penser que la Seconde Guerre mondiale avait une bande-son populaire, que la guerre contre le Viêt Nam avait une bande-son populaire. Quand j\'étais enfant, dans le mouvement pour la paix et le désarmement, il y avait une bande-son populaire. Ceci n\'a pas encore de bande sonore populaire. Étudiante : Oui, mais nous avons une bande son populaire maintenant pour l\'urgence climatique. Je les écoute parfois sur ma liste de lecture de vieux disques sur Spotify. Vous connaissez cet air de 2025, comment ça s\'est passé (marmonnage de mots et d\'une chanson, improvisation) ? Étudiant (interrompant) : Mais professeur, j\'ai du mal à comprendre quel était leur problème ? Les problèmes semblaient si évidents. Toutes les données scientifiques étaient présentes dans les rapports de la COP et bien plus encore. Pourquoi avaient-ils la tête dans le sable ? Enseignant : C\'est une autre bonne question. Regardons la structure sociale de l\'époque. Les industries pétrolières et gazières étaient extrêmement riches et puissantes et elles cherchaient désespérément à maintenir leur emprise sur le pouvoir, malgré le coût que cela pouvait représenter pour l\'environnement et la vie sur terre, mais pour être juste, les gens étaient également complices de cette dynamique parce qu\'ils étaient des utilisateurs de ce pétrole et de ce gaz, mais aussi parce que la société occidentale avait construit une infrastructure massive avec des ressources essentiellement non renouvelables qui détruisaient la planète et continuaient à se comporter de manière destructrice. Comment pouvons-nous comprendre cela ? M. Schryer s\'est entretenu avec de nombreux chercheurs et leaders d\'opinion qui lui ont fourni un contexte et un éclairage. Écoutons le Dr Danielle Boutet, chercheuse en arts. Celle-ci est en français. Elle explique le manque de conscience collective dans l\'épisode 60. Cet épisode est en français, je vous donnerai donc un résumé après. Collectivement, on est inconscient. On cherche à parler de la conscience écologique. On cherche à parler de ça, mais en réalité... S\'il y a une psyché collective, ce que je crois, je pense qu\'il y a une espèce d\'esprit collectif, mais c\'est un esprit qui est inconscient, qui n\'est pas capable de se voir aller, de se réfléchir et donc pas capable de méditer, pas capable de se transformer, donc soumis à ses peurs et ses pulsions. Je suis assez pessimiste par rapport à ça, mais c\'est que le deuil écologique, tout le chagrin et toute la peur est refoulée présentement. Il y a des activistes qui crient dans le désert, qui hurlent, et les gens entendent, mais comme dans un brouillard. Ce n\'est pas suffisant pour amener à une action collective. Donc, le deuil il est loin d\'être fait, collectivement. Enseignant : Ce que Boutet veut dire ici, c\'est que les gens de 2021 étaient collectivement inconscients ou inconscientes de la gravité des problèmes environnementaux. Boutet, qui était une grande spécialiste de l\'art contemporain, mais aussi des questions sociales, explique que les gens n\'étaient pas capables de changer leurs habitudes et que leur chagrin et leurs craintes étaient réprimés. Elle admet que certains activistes criaient fort, et que certaines personnes écoutaient, mais tout était dans un brouillard, qu\'elle appelle un brouillard comme elle dit en français, et qu\'il n\'y avait tout simplement pas assez d\'élan pour susciter une action collective. Bien sûr, heureusement, cela allait changer lorsque les gens se réveilleraient enfin à la réalité quelques années plus tard. À l\'époque, la situation semblait plutôt sombre. L\'un des problèmes de l\'époque était également le manque d\'autonomie. Dans l\'épisode 40, Alexis Frasz, chercheur et stratège artistique, s\'exprime clairement sur ce sujet. Il y a beaucoup de sensibilisation et d\'intérêt pour le changement, mais le changement ne se produit pas vraiment, du moins pas au rythme ou à l\'échelle dont nous avons besoin. J\'ai de plus en plus l\'impression qu\'il ne s\'agit pas d\'un manque de sensibilisation, ni d\'un manque d\'intérêt, ni même d\'un manque de volonté, mais bien d\'un manque d\'action. J\'ai beaucoup réfléchi au rôle des arts, de la culture et des pratiques créatives pour aider les gens à ne pas se contenter de s\'éveiller à la nécessité d\'un changement, mais à subir l\'ensemble du processus de transformation à partir de ce moment d\'éveil (dont vous et moi partageons le langage autour de la pratique bouddhiste). Il y a cette idée que l\'on peut se réveiller en un instant, mais intégrer cette prise de conscience dans sa vie quotidienne est en fait un processus. C\'est un processus continu. Étudiante (interrompant) : Ok, donc je comprends que c\'est une chose en cours mais qu\'est-ce qui a fait la différence alors ? Vous pensez vraiment que quelque chose d\'aussi éphémère et marginal que l\'art a eu un impact ? Enseignant : Eh bien, oui, en fait, c\'est le cas, et nous y reviendrons bientôt, mais d\'abord, j\'aimerais vous donner un autre exemple de la dynamique sociale de l\'époque. En parlant de temps, comment ça se passe pour le temps, ok ? Voici un extrait de l\'épisode 42 avec l\'architecte Mark Rosen : L\'idée d\'en avoir assez est très intéressante pour moi. L\'idée que la planète n\'en a pas assez pour nous sur notre trajectoire actuelle est au cœur de cette question. La question de savoir si la planète a assez pour tout le monde sur la planète, si nous changeons notre façon de faire les choses est intéressante. Pourrions-nous faire vivre sept, huit ou neuf milliards de personnes sur la planète si l\'idée que chacun se fait de ce qui suffit était équilibrée par cette équation ? Je ne sais pas, mais je pense que c\'est possible. Je pense que si nous n\'avons rien montré d\'autre en tant qu\'espèce, en tant qu\'humains, c\'est notre capacité d\'adaptation et de résilience et, lorsqu\'on nous y oblige, nous pouvons faire des choses et des changements étonnamment monumentaux lorsque la menace devient réelle pour nous. Etudiant: Ok. J\'ai compris. Quand la menace est devenue réelle, ils ont changé leurs habitudes, par intérêt personnel, je suppose... mais j\'ai une question. Schryer parle de la réalité et du deuil comme étant les deux sujets principaux de la saison 2, d\'accord. Pourquoi a-t-il fait ça ? Je sais qu\'il était un bouddhiste zen et qu\'il s\'intéressait à la réalité, mais pourquoi a-t-il exploré ces sujets spécifiques ? Enseignant: Schryer a demandé à chacun de ses 41 invités de la saison 2 comment ils voyaient la réalité et le deuil écologique et il a obtenu, eh bien, 41 réponses différentes. J\'ai écouté certaines d\'entre elles dans le cadre de mes recherches pour ce cours. L\'une de mes réponses préférées aux questions de Schryer sur le deuil écologique est celle de la cinéaste Jennifer Abbott, qui était une cinéaste militante à cette époque... Étudiant (interrompant) : J\'ai trouvé des infos sur elle, voyons voir, je pense qu\'elle est co-réalisatrice et monteuse de, hum (bruit de frappe) The Corporation, wow, qui est devenu le documentaire le plus primé de l\'histoire du Canada à cette époque. Elle a aussi été co-directrice d\'une suite appelée... The New Corporation: The Unfortunately Necessary Sequel (2020). Étudiante adulte : J\'ai vu ces deux films en cours d\'études cinématographiques. Des documentaires étonnants. Je parie qu\'ils ont effrayé les vivants... Étudiante (interrompant) Et elle était aussi... réalisatrice de The Magnitude of all Thingsqui est une sorte de classique du film de deuil écologique. Enseignant : Oui, c\'est vrai. Écoutons un extrait de l\'épisode 45 où Abbott parle d\'illusion et de lavage de cerveau : La notion de réalité et la façon dont nous appréhendons la réalité en tant qu\'êtres humains sont profondément subjectives, mais aussi socialement construites, et donc, en tant que cinéaste - et c\'est pertinent parce que je suis aussi un bouddhiste zen - à partir de ces deux perspectives, j\'essaie d\'explorer ce que nous percevons comme la réalité pour démêler et comprendre en quoi nous sommes trompés ? Et dans quelle mesure avons-nous une vision claire ? Et évidemment, plus nous avons une vision claire, plus nous pouvons prendre de bonnes mesures pour garantir un monde plus compatissant, plus juste et plus viable. Je suis tout à fait d\'accord pour démêler l\'illusion tout en admettant de tout cœur qu\'il est impossible de la démêler complètement. Enseignant : Passons maintenant à l\'autre sujet principal de la saison 2, le deuil écologique, qui, à l\'époque, était défini comme une réponse psychologique à la perte causée par la destruction de l\'environnement. Le terme SSolastalgia, inventé par l\'Australien Glenn Albrecht, était également utilisé à l\'époque. En gros, il s\'agit de savoir comment gérer la charge émotionnelle d\'une perte environnementale. Bien sûr, nous sommes toujours confrontés au deuil écologique aujourd\'hui, mais au moins nous savons maintenant que l\'un des meilleurs moyens de faire face à la perte est la régénération et la reconstruction. Mais en 2021, le deuil écologique était une chose dont les gens prenaient conscience et qu\'ils ne parvenaient pas à transformer en force positive, du moins pas au début. Je voudrais commencer par la musicienne Dr. Tanya Kalmanovitch. Kalmanovitch est un cas intéressant car elle était à la fois une musicienne accomplie et une activiste climatique de premier plan. Elle a été élevée au cœur des sables bitumineux de l\'Alberta, à Fort McMurray... Étudiante adulte (interrompue) : J\'ai entendu certains de ses enregistrements. Elle était une grande violiste et improvisatrice. Une femme plutôt cool. Enseignant : Super, elle a aussi participé à un projet appelé Tar Sand Songbook, qui est devenu un classique de l\'art climatique. Écoutons-la parler du deuil et de l\'art dans l\'épisode 53 : La vie normale en Amérique du Nord ne nous laisse pas de place pour le deuil. Nous ne savons pas comment gérer le chagrin. Nous ne savons pas quoi en faire. Nous le repoussons. Nous le canalisons, nous le contenons, nous le compartimentons. Nous l\'ignorons. Nous croyons que c\'est quelque chose qui a une fin, que c\'est linéaire ou qu\'il y a des étapes. Nous croyons que c\'est quelque chose que nous pouvons traverser. Alors que j\'ai beaucoup réfléchi à l\'idée de vivre avec la perte, de vivre avec l\'indétermination, de vivre avec l\'incertitude, comme un moyen de s\'éveiller à une sorte de soin et d\'amour radical pour nous-mêmes, pour nos compagnons les créatures vivantes, pour la vie sur la planète. Je réfléchis à la manière de transformer une salle de spectacle, une salle de classe ou tout autre environnement en une communauté de soins. Comment puis-je créer les conditions permettant aux gens de supporter d\'être présents à ce qu\'ils ont perdu, de nommer et de connaître ce que nous avons perdu et, à partir de là, de faire le deuil, de guérir et d\'agir dans la pleine conscience de la perte ? Voir l\'amour et la perte comme étant intimement liés. Enseignant : Vous pouvez donc voir que les gens se débattaient avec le deuil, y compris les éducateurs, qui essayaient de trouver comment soutenir leurs étudiants, dont beaucoup étaient démoralisés et avaient perdu tout espoir... mais c\'est à cette époque que des outils ont commencé à être créés, comme les CCreative Green Tools et Existential ToolKit for Climate Justice Educators.. L\'une des interviews de Schryer était avec l\'éducatrice climatique Dr. Krista Hiser, écoutons la Hiser climatique de l\'épisode 51 : Il y a toute une gamme d\'émotions autour de l\'urgence climatique, et il ne faut pas rester bloqué dans le chagrin. Ne pas s\'enfermer dans la colère. Une grande partie de ce que nous voyons chez les jeunes activistes et dans l\'activisme des jeunes est qu\'ils s\'épuisent dans la colère et ce n\'est pas une émotion durable. Mais ce ne sont pas des émotions dans lesquelles on veut rester bloqué. Quand on est coincé dans le deuil climatique, il est difficile de s\'en sortir, donc passer par toutes les différentes émotions - y compris la colère et l\'espoir - et cette idée d\'un hymne et de travailler ensemble, tout cela fait partie de la roue des émotions qui existe autour du changement climatique. Étudiante : OK. Je comprends qu\'il ne faut pas s\'enliser dans le chagrin climatique, mais maintenant nous payons le prix de leur négligence. Cela me met très en colère de penser qu\'ils auraient pu facilement prévenir la plupart des dommages climatiques actuels pendant cette décennie critique des années 2020, je ne sais pas, en passant des combustibles fossiles aux énergies renouvelables, et professeur, vous dites que les artistes ont joué un rôle clé, mais comment cela... Enseignant (interrompant) : Merci. J\'entends votre colère et je comprends et je vous promets que nous allons aborder le rôle des artistes dans une minute, mais avant cela, j\'aimerais que vous écoutiez l\'Australien Michael Shaw, qui a produit un film en 2019 intitulé Living in the Time of Dying. Il parle de la peur et du chagrin mais aussi des structures de soutien dans l\'épisode 25 : C\'est une vraie bénédiction de ressentir un sens du but à atteindre en ces temps. C\'est une vraie bénédiction d\'être capable de prendre les sentiments de peur et de chagrin et de les canaliser quelque part dans la gestion d\'un groupe ou dans la réalisation d\'un film ou de podcasts. Je pense qu\'il est important que les gens se branchent pour découvrir ce qu\'il leur est donné de faire en ce moment, qu\'ils écoutent vraiment l\'appel qui est en eux et qu\'ils le suivent. Je pense qu\'il y a quelque chose de très génératif et de très positif dans le fait de ressentir un but dans une période d\'effondrement. Enseignant : Shaw et Schryer ont tous deux été influencés par l\'enseignante du dharma Catherine Ingram, qui a écrit un essai en 2020 intitulé Facing Extinction. Voici Schryer qui lit un extrait de Facing Extinction dans l\'épisode 19 : Bien que nous ayons causé tant de destruction, il est important de considérer également le large spectre de possibilités qui composent une vie humaine. Oui, à une extrémité de ce spectre se trouvent la cupidité, la cruauté et l\'ignorance ; à l\'autre extrémité se trouvent la gentillesse, la compassion et la sagesse. Nous sommes imprégnés d\'une grande créativité, d\'une communication brillante et d\'une appréciation et d\'un talent extraordinaires pour la musique et les autres formes d\'art. ... Il n\'y a aucune autre créature connue dont le spectre de conscience est aussi large et varié que le nôtre. Enseignant : (alarme sonore) Merde. C\'est une alarme de pollution de l\'air. Vous connaissez la procédure. Nous devons aller dans une zone sûre jusqu\'à ce que l\'air soit à nouveau respirable. Je suis désolé pour cela. Une malheureuse perturbation de notre cours. Pourquoi ne pas l\'appeler un jour et reprendre la semaine prochaine ? Étudiant : Ces maudites choses se déclenchent toujours quand les choses vont bien. J\'espère vraiment qu\'ils ne se déclencheront pas la semaine prochaine. Enseignant : Maintenant, sortons de ce smog. (toux).
*Notes de fin d\'épisodePour en savoir plus sur la saison 5 et un court parcours historique du balado conscient voir information générales.Enfin, parallèlement à la production du balado conscient, je produis un bulletin Substack en anglais intitulée ‘a calm presence’ (une présence calme) que je décris comme ‘des essais courts et pratiques pour ceux qui sont effrayés par la crise écologique’. Pour vous abonner gratuitement, voir https://acalmpresence.substack.com. Note: je réalise également une version podcast de ce bulletin sur Substack et disponible sur tous les distributeurs de balados. Je suis reconnaissant et redevable à la terre et au travail humain qui m\'ont donné le privilège de produire ce balado, y compris les matériaux toxiques et les processus d\'extraction derrière les ordinateurs, les enregistreurs, les systèmes de transport et l\'infrastructure qui ont rendu cette production possible.Veuillez noter qu\'une transcription de chaque épisode du balado conscient est disponible sur la version web (mais pas sur les applications de balados) à l\'adresse suivante : https://conscient-podcast.simplecast.com/episodes. Vos commentaires sont toujours les bienvenus à [email protected] ou sur les médias sociaux du balado conscient: Facebook, X, Instagram or Linkedin. Claude SchryerDernière mise à jour le 25 juin 2024
Scénario (traduction)note : l\'enregistrement comporte des éléments supplémentaires qui ont été améliorés pendant l\'enregistrement (Bruits d\'élèves discutant, arrivant en classe et s\'asseyant) Enseignant : Bonjour les élèves. Nous allons commencer. Bienvenue au séminaire sur l\'histoire de 2021 au Canada. Comment allez-vous ? BIEN ? Je vois que nous avons 2 étudiants en classe et un en ligne. Donc, le sujet d\'aujourd\'hui est les arts et la crise écologique en 2021... As you know, History 2021 in Canada is a bilingual class, so feel free to speak in the language of your choice. Alors sentez-vous à l\'aise de parler dans la langue de votre choix dans ce cours ou en écrivant l\'un de vos devoirs. Très bien, par quoi allons-nous commencer ? Nous allons faire une étude de cas aujourd\'hui de la deuxième saison du podcast conscient, qui s\'est déroulée de mars à août 2021. Il a été produit par un artiste sonore d\'Ottawa, Claude Schryer, qui est maintenant décédé, mais j\'ai eu la chance que ses enfants, Riel et Clara, m\'aient gentiment aidé à faire certaines des recherches pour ce cours. Je veux vérifier si vous avez tous eu la chance d\'écouter le matériel du cours, qui était... des épisodes podcast conscients... 19 réalité et 62 compilation. Étiez-vous... Étudiant mâle (interrompant) : Excusez-moi, mais pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez choisi ce podcast ? Historiquement parlant, vous savez, il y avait d\'autres podcasts au Canada en 2021 qui exploraient aussi les questions d\'art et d\'environnement. Pourquoi celui-ci ? Enseignant : C\'est une très bonne question. J\'ai choisi la deuxième saison de ce podcast parce que Schryer explorait les thèmes de la réalité et du deuil écologique, qui étaient d\'actualité en 2021 et le sont encore aujourd\'hui. Et aussi parce qu\'elle nous donne un aperçu de ce que les artistes et les travailleurs culturels pensaient de la crise écologique à l\'époque. C\'était une année intéressante, 2021. C\'est l\'année où le sixième rapport du GIEC a été publié, c\'est l\'année où une grande partie de l\'ouest du Canada était en feu, qui sont malheureusement devenus la norme au Canada, c\'est aussi l\'année où SCALE, le Sectoral Climate Arts Leadership for the Emergency (LeSAUT : Leadership Sectoriel des arts sur l’urgence pour la transition écologique), qui est une organisation d\'urgence pour les arts et le climat, a été créée et bien d\'autres choses encore, c\'était une année charnière. Je vais commencer par vous faire écouter un enregistrement de Schryer lui-même expliquant ce qu\'est la saison 2 dans une conversation avec Ian Garrett dans l\'épisode 54. Écoutons-le. Pourquoi ai-je posé cette question ? La raison est que je la vivais moi-même. J\'avais l\'impression qu\'il fallait accepter la réalité pour pouvoir passer à une vie plus active, plus engagée... J\'ai dû faire face à ça. Le fait que c\'est si mauvais, que si je ne l\'accepte pas - surtout le fait que nous ne pouvons pas changer les choses - je ne peux pas fonctionner et aujourd\'hui même, le 25 mai, j\'ai eu une très mauvaise journée. Je pleurais dans ma tête sur la gravité de la situation et je perdais espoir, puis j\'ai lu ce magnifique article de Rebecca Solnit, qui disait qu\'il y a de l\'espoir parce que la combinaison de tous ces efforts... Vous avez fait beaucoup de choses, mais quand vous combinez cela avec des millions et des millions de personnes à travers le monde qui font une différence, cela va se rassembler et il y aura un point de basculement vers une sorte de... pas seulement un réveil, mais une action... une action collective. C\'est là que nous devons aller et c\'est là que nous allons. Etudiante (interrompant) OK, mais ce balado a été produit par un homme blanc avec tous les préjugés de l\'époque... Enseignant : C\'est un bon point. Schryer avait de bonnes intentions, il avait des préjugés inconscients dans son discours qui étaient typiques de sa génération et de son époque, mais nous nous concentrons sur ses invités, qui étaient très intéressants, et ils viennent d\'un large éventail de milieux culturels, d\'âges et de points de vue. Pourquoi ne pas commencer par l\'une de mes citations préférées de l\'épisode 55, car j\'ai pu les écouter toutes dans le cadre de mon travail pour ce cours. Il s\'agit de l\'artiste autochtone France Trepanier, qui était une artiste visuelle, une conservatrice et une chercheuse d\'ascendance kanien\'kéha:ka et française. Trépanier était connue dans la communauté artistique, notamment pour un projet intitulé Couleurs primaires, qui plaçait les arts indigènes au centre du système artistique canadien. Cet extrait est en français, je vous laisse donc écouter l\'enregistrement original puis j\'expliquerai ce dont parlait la France pour ceux qui ne comprennent pas le français, et bien sûr, vous pouvez aussi utiliser la fonction de traduction simultanée sur vos ordinateurs. Je pense que ce cycle du colonialisme, et de ce que ça a apporté, on est en train d\'arriver à la fin de ce cycle là aussi, et avec le recul, on va s\'apercevoir que cela a été un tout petit instant dans un espace beaucoup plus vaste, et qu\'on est en train de retourner à des connaissances très profondes. Qu\'est-ce que ça veut dire de vivre ici sur cette planète ? Ce que ça implique comme possibilité, mais comme responsabilité aussi de maintenir les relations harmonieuses ? Moi, je dis que la solution à la crise climatique c\'est cardiaque. Ça va passer par le cœur. On parle d\'amour avec la planète. C\'est ça, le travail. Enseignant : Ce que Trépanier dit ici, c\'est qu\'elle pense que le cycle de plus de 500 ans de colonialisme sur l\'île de la Tortue touchait à sa fin et nous savons maintenant qu\'elle avait raison, avec le mouvement d\'indigénisation de la culture canadienne qui a commencé à cette époque. C\'est à cette époque que les gens ont commencé à comprendre la véritable signification de la réconciliation. Dans cette citation, Trépanier parle de la responsabilité de chacun de maintenir des relations harmonieuses dans sa communauté et de notre besoin d\'aimer la planète. Est-ce que quelqu\'un a des questions jusqu\'à présent ? Non, alors je vais passer à... Étudiante (interrompant) : Attendez, professeur, êtes-vous en train de dire que les arts et la culture autochtones n\'étaient pas au cœur de la culture canadienne en 2021 ? Étudiante adulte : Je peux répondre à cette question ? Enseignant: Bien sûr, allez-y. Étudiante adulte : Au début de l\'histoire du Canada, la scène artistique et culturelle était dominée par les formes d\'art européennes et laissait peu de place aux voix autochtones. Cela faisait partie de la structure coloniale, mais cela a changé lorsque les gens ont commencé à écouter les voix autochtones et à apprendre la culture et les langues autochtones à l\'école, comme je l\'ai fait. Cette rééducation a conduit à un changement massif des institutions culturelles et à un changement de la vision du monde des gens. Enseignant : C\'est tout à fait exact. Merci pour cela. Laissez-moi vous donner un autre exemple d\'artiste indigène de la saison 2. Suzanne Keeptwo était une écrivaine et enseignante métisse qui a écrit un livre en 2021 intitulé We All Go Back to the Land : The Who, Why, and How of Land Acknowledgements.Cet extrait est tiré de l\'épisode 47 : Dans le travail que je fais et dans le livre que je viens de publier, intitulé We All Go Back to the Land, il s\'agit vraiment d\'une exploration de l\'Accord original et de sa signification aujourd\'hui. Je veux donc rappeler aux lecteurs autochtones notre Accord originel pour nourrir, protéger, honorer et respecter la Terre mère et tous les dons qu\'elle nous a faits, puis présenter cet Accord originel aux Canadiens non autochtones ou à d\'autres personnes dans le monde, afin que nous puissions ensemble, en tant qu\'espèce humaine, travailler à ce que j\'appelle l\'acte ultime de réconciliation : aider à guérir la Terre. Enseignant : Nous reviendrons sur les perspectives autochtones à la fin du cours d\'aujourd\'hui. Le prochain enregistrement que je veux vous faire écouter est celui de l\'épisode 21 avec le philosophe Dr Todd Dufresne, qui a écrit un livre en 2020 intitulé The Democracy of Suffering: Je pense que le capitalisme est terminé, mais le problème est que nous n\'avons rien pour le remplacer. C\'est là que nous avons besoin des artistes, et d\'autres personnes, pour nous dire quel genre de vision ils ont pour un avenir différent de celui-là : un avenir de jeu et de travail significatif serait un avenir qui, selon moi, n\'est pas seulement utopique, mais très possible. Il y a donc un avenir possible qui pourrait être bien meilleur qu\'il ne l\'est actuellement, mais nous n\'y parviendrons pas sans la démocratie de la souffrance telle que nous la vivons actuellement et telle qu\'elle se produira au moins au cours des 20, 30, 40 prochaines années jusqu\'à ce que nous trouvions une solution, mais nous devons trouver une solution rapidement. Enseignant : Eh bien, dans l\'ensemble, le Dr Dufresne avait raison. Nous sommes passés par beaucoup d\'angoisse physique et mentale, n\'est-ce pas, et nous le sommes toujours, en fait, avec les réinstallations, les rations alimentaires et tout cela, mais nous avons survécu et il est intéressant de voir que Dufresne avait raison de prédire que les artistes aideraient à articuler une vision de l\'avenir. Les artistes l\'ont toujours fait, mais c\'était particulièrement important à cette époque où la fenêtre de temps avant des dommages irréparables... se rétrécissait. On avait le sentiment à l\'époque qu\'il ne restait que quelques années et on avait raison. Nous verrons comment cela s\'est produit un peu plus tard, mais passons maintenant à l\'examen de certaines des causes de la crise écologique. Pourquoi cela s\'est-il produit et quelles étaient les conditions sous-jacentes ? L\'épisode 23présente la militante écologiste Anjali Appadurai, qui nous éclaire sur toute une série de questions de justice sociale et écologique. Quelqu\'un sait-il pourquoi Appadurai est célèbre dans l\'histoire de l\'activisme climatique ? Étudiant male : N\'était-elle pas celle qui a donné ce discours en 2011 en Afrique du Sud. Je l\'ai vu sur You Tube l\'autre jour dans mon cours d\'histoire de l\'équité sociale. Je pense que je peux vous le faire écouter depuis mon ordinateur portable. Le voici (note : qualité audio médiocre) Je parle au nom de plus de la moitié de la population mondiale. Nous sommes la majorité silencieuse. Vous nous avez donné un siège dans cette salle, mais nos intérêts ne sont pas sur la table. Que faut-il faire pour avoir un enjeu dans ce jeu ? Des lobbyistes ? L\'influence des entreprises ? De l\'argent ? Vous avez négocié toute ma vie. Pendant tout ce temps, vous n\'avez pas respecté vos engagements, vous avez manqué des objectifs et vous n\'avez pas tenu vos promesses. Enseignant : Merci. C\'est vrai. Regardez l\'intégralité du discours quand vous en aurez l\'occasion. Maintenant, écoutons Anjali dans sa conversation avec Schryer. Cet excepté est assez amusant parce qu\'ils font une promenade sonore dans un parc de Vancouver et vous entendez certains des paysages sonores de l\'époque, comme les corbeaux et ces véhicules à essence bruyants pendant la conversation qui étaient typiques de cette époque bruyante. Bien sûr, tout cela semble bien différent aujourd\'hui. Voici un extrait de leur conversation. La crise climatique et la crise écologique au sens large sont le symptôme d\'une maladie plus profonde, à savoir cette rupture avec la nature, ce germe de domination, d\'accumulation, de cupidité et d\'envie de dominer les autres par le biais du colonialisme, de l\'esclavage, de l\'altération - la racine est en fait l\'altération - et c\'est quelque chose que les artistes peuvent toucher. C\'est cela qu\'il faut guérir, et lorsque nous aurons guéri cela, à quoi ressemblera le monde de l\'autre côté d\'une transition juste ? Je ne veux vraiment pas croire qu\'il ressemble exactement à ça, mais avec du solaire. La première langue que la colonisation a cherché à supprimer, qui était celle des peuples indigènes, est celle où se trouvent beaucoup de réponses. Enseignant : Appadurai a donc travaillé en étroite collaboration avec un autre activiste, Seth Klein, sur un projet intitulé Climate Emergency Unit qui établit un parallèle entre l\'effort du Canada pendant la Seconde Guerre mondiale et les efforts nécessaires pour réaliser une transition juste et éviter les pires conséquences du changement climatique, en se basant sur le livre de Seth, A Good War : Mobilizing Canada for the Climate Emergency. Étudiante : Pouvez-vous nous en dire plus sur le... Climate Emergency Unit ? Que leur est-il arrivé ? Enseignant : Eh bien, je sais qu\'ils étaient financés par l\'Institut David Suzuki et qu\'ils avaient quatre objectifs. Voyons si je peux m\'en souvenir, oh, je les ai juste ici : dépenser ce qu\'il faut pour gagner, créer de nouvelles institutions économiques pour faire le travail, passer de politiques volontaires et incitatives à des mesures obligatoires et dire la vérité sur la gravité de la crise et communiquer un sentiment d\'urgence sur les mesures nécessaires pour la combattre. L\'unité a été dissoute une fois ces objectifs atteints ou du moins suffisamment avancés pour pouvoir passer à autre chose. Étudiante : (interrompant) : C\'est incroyable. Enseignant : Oui, ça l\'était, mais c\'était une bataille difficile, mais nous sommes reconnaissants qu\'ils aient persisté, ainsi que des milliers d\'autres initiatives environnementales similaires dans le monde à l\'époque, et surtout une fois qu\'ils ont été combinés et que les gens ont travaillé ensemble en tant que communauté et qu\'ils ont pu nous éloigner, et tous les êtres vivants, du précipice de la catastrophe et vers le rétablissement que nous connaissons aujourd\'hui. Bien sûr, nous sommes toujours en crise aujourd\'hui, mais en 2021, ils n\'avaient aucune idée s\'ils allaient réussir. C\'était une période de grande incertitude, comme le début de la Deuxième Guerre mondiale en 1940, lorsque le Canada et ses alliés ne savaient pas si leurs efforts pour combattre le fascisme en Europe allaient aboutir. Écoutons Seth Klein, leader de l\'Unité d\'urgence climatique de l\'épisode 26, et son intérêt pour les arts afin de rallier les gens à cette cause : Voici le défi que je lance aux artistes aujourd\'hui. Nous commençons à voir des artistes dans de nombreux domaines artistiques produire des œuvres sur le climat et l\'urgence climatique, ce qui est important et bon à voir. Ce qui me frappe, c\'est que la plupart de ces œuvres sont dystopiques, elles évoquent l\'horreur du monde si nous ne parvenons pas à nous relever. Dans une certaine mesure, cela a du sens car c\'est effrayant et horrible, mais ce qui m\'a intrigué dans ce que les artistes produisaient pendant la guerre, c\'est que dans l\'ensemble, ce n\'était pas dystopique, même si la guerre était horrible. Cela nous ralliait : le ton nous ralliait. En faisant mes recherches, je me suis surprise à écouter cette musique et à penser que la Seconde Guerre mondiale avait une bande-son populaire, que la guerre contre le Viêt Nam avait une bande-son populaire. Quand j\'étais enfant, dans le mouvement pour la paix et le désarmement, il y avait une bande-son populaire. Ceci n\'a pas encore de bande sonore populaire. Étudiante : Oui, mais nous avons une bande son populaire maintenant pour l\'urgence climatique. Je les écoute parfois sur ma liste de lecture de vieux disques sur Spotify. Vous connaissez cet air de 2025, comment ça s\'est passé (marmonnage de mots et d\'une chanson, improvisation) ? Étudiant (interrompant) : Mais professeur, j\'ai du mal à comprendre quel était leur problème ? Les problèmes semblaient si évidents. Toutes les données scientifiques étaient présentes dans les rapports de la COP et bien plus encore. Pourquoi avaient-ils la tête dans le sable ? Enseignant : C\'est une autre bonne question. Regardons la structure sociale de l\'époque. Les industries pétrolières et gazières étaient extrêmement riches et puissantes et elles cherchaient désespérément à maintenir leur emprise sur le pouvoir, malgré le coût que cela pouvait représenter pour l\'environnement et la vie sur terre, mais pour être juste, les gens étaient également complices de cette dynamique parce qu\'ils étaient des utilisateurs de ce pétrole et de ce gaz, mais aussi parce que la société occidentale avait construit une infrastructure massive avec des ressources essentiellement non renouvelables qui détruisaient la planète et continuaient à se comporter de manière destructrice. Comment pouvons-nous comprendre cela ? M. Schryer s\'est entretenu avec de nombreux chercheurs et leaders d\'opinion qui lui ont fourni un contexte et un éclairage. Écoutons le Dr Danielle Boutet, chercheuse en arts. Celle-ci est en français. Elle explique le manque de conscience collective dans l\'épisode 60. Cet épisode est en français, je vous donnerai donc un résumé après. Collectivement, on est inconscient. On cherche à parler de la conscience écologique. On cherche à parler de ça, mais en réalité... S\'il y a une psyché collective, ce que je crois, je pense qu\'il y a une espèce d\'esprit collectif, mais c\'est un esprit qui est inconscient, qui n\'est pas capable de se voir aller, de se réfléchir et donc pas capable de méditer, pas capable de se transformer, donc soumis à ses peurs et ses pulsions. Je suis assez pessimiste par rapport à ça, mais c\'est que le deuil écologique, tout le chagrin et toute la peur est refoulée présentement. Il y a des activistes qui crient dans le désert, qui hurlent, et les gens entendent, mais comme dans un brouillard. Ce n\'est pas suffisant pour amener à une action collective. Donc, le deuil il est loin d\'être fait, collectivement. Enseignant : Ce que Boutet veut dire ici, c\'est que les gens de 2021 étaient collectivement inconscients ou inconscientes de la gravité des problèmes environnementaux. Boutet, qui était une grande spécialiste de l\'art contemporain, mais aussi des questions sociales, explique que les gens n\'étaient pas capables de changer leurs habitudes et que leur chagrin et leurs craintes étaient réprimés. Elle admet que certains activistes criaient fort, et que certaines personnes écoutaient, mais tout était dans un brouillard, qu\'elle appelle un brouillard comme elle dit en français, et qu\'il n\'y avait tout simplement pas assez d\'élan pour susciter une action collective. Bien sûr, heureusement, cela allait changer lorsque les gens se réveilleraient enfin à la réalité quelques années plus tard. À l\'époque, la situation semblait plutôt sombre. L\'un des problèmes de l\'époque était également le manque d\'autonomie. Dans l\'épisode 40, Alexis Frasz, chercheur et stratège artistique, s\'exprime clairement sur ce sujet. Il y a beaucoup de sensibilisation et d\'intérêt pour le changement, mais le changement ne se produit pas vraiment, du moins pas au rythme ou à l\'échelle dont nous avons besoin. J\'ai de plus en plus l\'impression qu\'il ne s\'agit pas d\'un manque de sensibilisation, ni d\'un manque d\'intérêt, ni même d\'un manque de volonté, mais bien d\'un manque d\'action. J\'ai beaucoup réfléchi au rôle des arts, de la culture et des pratiques créatives pour aider les gens à ne pas se contenter de s\'éveiller à la nécessité d\'un changement, mais à subir l\'ensemble du processus de transformation à partir de ce moment d\'éveil (dont vous et moi partageons le langage autour de la pratique bouddhiste). Il y a cette idée que l\'on peut se réveiller en un instant, mais intégrer cette prise de conscience dans sa vie quotidienne est en fait un processus. C\'est un processus continu. Étudiante (interrompant) : Ok, donc je comprends que c\'est une chose en cours mais qu\'est-ce qui a fait la différence alors ? Vous pensez vraiment que quelque chose d\'aussi éphémère et marginal que l\'art a eu un impact ? Enseignant : Eh bien, oui, en fait, c\'est le cas, et nous y reviendrons bientôt, mais d\'abord, j\'aimerais vous donner un autre exemple de la dynamique sociale de l\'époque. En parlant de temps, comment ça se passe pour le temps, ok ? Voici un extrait de l\'épisode 42 avec l\'architecte Mark Rosen : L\'idée d\'en avoir assez est très intéressante pour moi. L\'idée que la planète n\'en a pas assez pour nous sur notre trajectoire actuelle est au cœur de cette question. La question de savoir si la planète a assez pour tout le monde sur la planète, si nous changeons notre façon de faire les choses est intéressante. Pourrions-nous faire vivre sept, huit ou neuf milliards de personnes sur la planète si l\'idée que chacun se fait de ce qui suffit était équilibrée par cette équation ? Je ne sais pas, mais je pense que c\'est possible. Je pense que si nous n\'avons rien montré d\'autre en tant qu\'espèce, en tant qu\'humains, c\'est notre capacité d\'adaptation et de résilience et, lorsqu\'on nous y oblige, nous pouvons faire des choses et des changements étonnamment monumentaux lorsque la menace devient réelle pour nous. Etudiant: Ok. J\'ai compris. Quand la menace est devenue réelle, ils ont changé leurs habitudes, par intérêt personnel, je suppose... mais j\'ai une question. Schryer parle de la réalité et du deuil comme étant les deux sujets principaux de la saison 2, d\'accord. Pourquoi a-t-il fait ça ? Je sais qu\'il était un bouddhiste zen et qu\'il s\'intéressait à la réalité, mais pourquoi a-t-il exploré ces sujets spécifiques ? Enseignant: Schryer a demandé à chacun de ses 41 invités de la saison 2 comment ils voyaient la réalité et le deuil écologique et il a obtenu, eh bien, 41 réponses différentes. J\'ai écouté certaines d\'entre elles dans le cadre de mes recherches pour ce cours. L\'une de mes réponses préférées aux questions de Schryer sur le deuil écologique est celle de la cinéaste Jennifer Abbott, qui était une cinéaste militante à cette époque... Étudiant (interrompant) : J\'ai trouvé des infos sur elle, voyons voir, je pense qu\'elle est co-réalisatrice et monteuse de, hum (bruit de frappe) The Corporation, wow, qui est devenu le documentaire le plus primé de l\'histoire du Canada à cette époque. Elle a aussi été co-directrice d\'une suite appelée... The New Corporation: The Unfortunately Necessary Sequel (2020). Étudiante adulte : J\'ai vu ces deux films en cours d\'études cinématographiques. Des documentaires étonnants. Je parie qu\'ils ont effrayé les vivants... Étudiante (interrompant) Et elle était aussi... réalisatrice de The Magnitude of all Thingsqui est une sorte de classique du film de deuil écologique. Enseignant : Oui, c\'est vrai. Écoutons un extrait de l\'épisode 45 où Abbott parle d\'illusion et de lavage de cerveau : La notion de réalité et la façon dont nous appréhendons la réalité en tant qu\'êtres humains sont profondément subjectives, mais aussi socialement construites, et donc, en tant que cinéaste - et c\'est pertinent parce que je suis aussi un bouddhiste zen - à partir de ces deux perspectives, j\'essaie d\'explorer ce que nous percevons comme la réalité pour démêler et comprendre en quoi nous sommes trompés ? Et dans quelle mesure avons-nous une vision claire ? Et évidemment, plus nous avons une vision claire, plus nous pouvons prendre de bonnes mesures pour garantir un monde plus compatissant, plus juste et plus viable. Je suis tout à fait d\'accord pour démêler l\'illusion tout en admettant de tout cœur qu\'il est impossible de la démêler complètement. Enseignant : Passons maintenant à l\'autre sujet principal de la saison 2, le deuil écologique, qui, à l\'époque, était défini comme une réponse psychologique à la perte causée par la destruction de l\'environnement. Le terme SSolastalgia, inventé par l\'Australien Glenn Albrecht, était également utilisé à l\'époque. En gros, il s\'agit de savoir comment gérer la charge émotionnelle d\'une perte environnementale. Bien sûr, nous sommes toujours confrontés au deuil écologique aujourd\'hui, mais au moins nous savons maintenant que l\'un des meilleurs moyens de faire face à la perte est la régénération et la reconstruction. Mais en 2021, le deuil écologique était une chose dont les gens prenaient conscience et qu\'ils ne parvenaient pas à transformer en force positive, du moins pas au début. Je voudrais commencer par la musicienne Dr. Tanya Kalmanovitch. Kalmanovitch est un cas intéressant car elle était à la fois une musicienne accomplie et une activiste climatique de premier plan. Elle a été élevée au cœur des sables bitumineux de l\'Alberta, à Fort McMurray... Étudiante adulte (interrompue) : J\'ai entendu certains de ses enregistrements. Elle était une grande violiste et improvisatrice. Une femme plutôt cool. Enseignant : Super, elle a aussi participé à un projet appelé Tar Sand Songbook, qui est devenu un classique de l\'art climatique. Écoutons-la parler du deuil et de l\'art dans l\'épisode 53 : La vie normale en Amérique du Nord ne nous laisse pas de place pour le deuil. Nous ne savons pas comment gérer le chagrin. Nous ne savons pas quoi en faire. Nous le repoussons. Nous le canalisons, nous le contenons, nous le compartimentons. Nous l\'ignorons. Nous croyons que c\'est quelque chose qui a une fin, que c\'est linéaire ou qu\'il y a des étapes. Nous croyons que c\'est quelque chose que nous pouvons traverser. Alors que j\'ai beaucoup réfléchi à l\'idée de vivre avec la perte, de vivre avec l\'indétermination, de vivre avec l\'incertitude, comme un moyen de s\'éveiller à une sorte de soin et d\'amour radical pour nous-mêmes, pour nos compagnons les créatures vivantes, pour la vie sur la planète. Je réfléchis à la manière de transformer une salle de spectacle, une salle de classe ou tout autre environnement en une communauté de soins. Comment puis-je créer les conditions permettant aux gens de supporter d\'être présents à ce qu\'ils ont perdu, de nommer et de connaître ce que nous avons perdu et, à partir de là, de faire le deuil, de guérir et d\'agir dans la pleine conscience de la perte ? Voir l\'amour et la perte comme étant intimement liés. Enseignant : Vous pouvez donc voir que les gens se débattaient avec le deuil, y compris les éducateurs, qui essayaient de trouver comment soutenir leurs étudiants, dont beaucoup étaient démoralisés et avaient perdu tout espoir... mais c\'est à cette époque que des outils ont commencé à être créés, comme les CCreative Green Tools et Existential ToolKit for Climate Justice Educators.. L\'une des interviews de Schryer était avec l\'éducatrice climatique Dr. Krista Hiser, écoutons la Hiser climatique de l\'épisode 51 : Il y a toute une gamme d\'émotions autour de l\'urgence climatique, et il ne faut pas rester bloqué dans le chagrin. Ne pas s\'enfermer dans la colère. Une grande partie de ce que nous voyons chez les jeunes activistes et dans l\'activisme des jeunes est qu\'ils s\'épuisent dans la colère et ce n\'est pas une émotion durable. Mais ce ne sont pas des émotions dans lesquelles on veut rester bloqué. Quand on est coincé dans le deuil climatique, il est difficile de s\'en sortir, donc passer par toutes les différentes émotions - y compris la colère et l\'espoir - et cette idée d\'un hymne et de travailler ensemble, tout cela fait partie de la roue des émotions qui existe autour du changement climatique. Étudiante : OK. Je comprends qu\'il ne faut pas s\'enliser dans le chagrin climatique, mais maintenant nous payons le prix de leur négligence. Cela me met très en colère de penser qu\'ils auraient pu facilement prévenir la plupart des dommages climatiques actuels pendant cette décennie critique des années 2020, je ne sais pas, en passant des combustibles fossiles aux énergies renouvelables, et professeur, vous dites que les artistes ont joué un rôle clé, mais comment cela... Enseignant (interrompant) : Merci. J\'entends votre colère et je comprends et je vous promets que nous allons aborder le rôle des artistes dans une minute, mais avant cela, j\'aimerais que vous écoutiez l\'Australien Michael Shaw, qui a produit un film en 2019 intitulé Living in the Time of Dying. Il parle de la peur et du chagrin mais aussi des structures de soutien dans l\'épisode 25 : C\'est une vraie bénédiction de ressentir un sens du but à atteindre en ces temps. C\'est une vraie bénédiction d\'être capable de prendre les sentiments de peur et de chagrin et de les canaliser quelque part dans la gestion d\'un groupe ou dans la réalisation d\'un film ou de podcasts. Je pense qu\'il est important que les gens se branchent pour découvrir ce qu\'il leur est donné de faire en ce moment, qu\'ils écoutent vraiment l\'appel qui est en eux et qu\'ils le suivent. Je pense qu\'il y a quelque chose de très génératif et de très positif dans le fait de ressentir un but dans une période d\'effondrement. Enseignant : Shaw et Schryer ont tous deux été influencés par l\'enseignante du dharma Catherine Ingram, qui a écrit un essai en 2020 intitulé Facing Extinction. Voici Schryer qui lit un extrait de Facing Extinction dans l\'épisode 19 : Bien que nous ayons causé tant de destruction, il est important de considérer également le large spectre de possibilités qui composent une vie humaine. Oui, à une extrémité de ce spectre se trouvent la cupidité, la cruauté et l\'ignorance ; à l\'autre extrémité se trouvent la gentillesse, la compassion et la sagesse. Nous sommes imprégnés d\'une grande créativité, d\'une communication brillante et d\'une appréciation et d\'un talent extraordinaires pour la musique et les autres formes d\'art. ... Il n\'y a aucune autre créature connue dont le spectre de conscience est aussi large et varié que le nôtre. Enseignant : (alarme sonore) Merde. C\'est une alarme de pollution de l\'air. Vous connaissez la procédure. Nous devons aller dans une zone sûre jusqu\'à ce que l\'air soit à nouveau respirable. Je suis désolé pour cela. Une malheureuse perturbation de notre cours. Pourquoi ne pas l\'appeler un jour et reprendre la semaine prochaine ? Étudiant : Ces maudites choses se déclenchent toujours quand les choses vont bien. J\'espère vraiment qu\'ils ne se déclencheront pas la semaine prochaine. Enseignant : Maintenant, sortons de ce smog. (toux).
*Notes de fin d\'épisodePour en savoir plus sur la saison 5 et un court parcours historique du balado conscient voir information générales.Enfin, parallèlement à la production du balado conscient, je produis un bulletin Substack en anglais intitulée ‘a calm presence’ (une présence calme) que je décris comme ‘des essais courts et pratiques pour ceux qui sont effrayés par la crise écologique’. Pour vous abonner gratuitement, voir https://acalmpresence.substack.com. Note: je réalise également une version podcast de ce bulletin sur Substack et disponible sur tous les distributeurs de balados. Je suis reconnaissant et redevable à la terre et au travail humain qui m\'ont donné le privilège de produire ce balado, y compris les matériaux toxiques et les processus d\'extraction derrière les ordinateurs, les enregistreurs, les systèmes de transport et l\'infrastructure qui ont rendu cette production possible.Veuillez noter qu\'une transcription de chaque épisode du balado conscient est disponible sur la version web (mais pas sur les applications de balados) à l\'adresse suivante : https://conscient-podcast.simplecast.com/episodes. Vos commentaires sont toujours les bienvenus à [email protected] ou sur les médias sociaux du balado conscient: Facebook, X, Instagram or Linkedin. Claude SchryerDernière mise à jour le 25 juin 2024