Thu 2 Apr 2020
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A Voix Haute

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A Voix Haute


Né à Besançon, le 26 février 1802.
Poète précoce, il concourut pour le prix de poésie à l’Académie à l\'âge de 15 ans ; l\'Académie crut que le jeune poète se moquait d\'elle en donnant cet âge et ne lui accorda qu\'une mention ; lauréat des Jeux floraux de Toulouse en 1819 et 1820, il fut nommé maître ès Jeux floraux. Il publia le premier volume des Odes et Ballades en 1822 et le second en 1826 ; entre ces deux volumes avaient paru les deux premiers romans, Han d\'Islande en 1823 et Bug Jargal en 1825, et le Cénacle s\'était fondé. La Préface de Cromwell en 1827 fit de Victor Hugo le chef de la nouvelle école romantique ; les Orientales parurent en 1828. Louis XVIII avait pensionné le jeune poète, et la censure ayant interdit Marion Delorme, le premier drame écrit en vue de la scène, Charles X voulut l\'indemniser en doublant le chiffre de sa pension, mais Victor Hugo refusa. Il écrivit alors Hernani, dont la première représentation au Théâtre-Français, le 26 février 1830, fut une bataille entre les deux parties littéraires et un triomphe pour les romantiques. Le Roi s\'amuse, joué le 22 novembre 1832, fut interdit le lendemain ; un procès eut lieu devant le Tribunal de Commerce et l\'auteur prononça un magnifique plaidoyer sur la liberté du théâtre.
Coup sur coup, Victor Hugo publia des poésies, un admirable roman et fit jouer des drames : Notre-Dame de Paris, son chef-d\'œuvre en prose, en 1831, les Feuilles d\'automne, même année, Lucrèce Borgia et Marie Tudor, 1833, Angelo et les Chants du Crépuscule, 1835, les Voix intérieures, 1837, Ruy Blas, 1838, les Rayons et les Ombres, 1840, le Rhin, 1842, les Burgraves, 1843. La mort tragique de sa fille Léopoldine, noyée à Villequier avec Charles Vacquerie qu\'elle venait d\'épouser, plongea le poète dans une profonde douleur et le rendit muet pendant plusieurs années. Nommé pair de France le 15 avril 1845, la politique le saisit : député à la Constituante le 4 juin 1848, et réélu à la Législative, il vota avec la droite dans la première assemblée et avec l\'extrême gauche dans la deuxième, il combattit avec une ardeur passionnée le prince-président et organisa la résistance contre le coup d’État du 2 décembre.
Pendant ces cinq années, il prononça de nombreux discours qui ont été réunis dans le premier volume d\'Actes et Paroles, Avant l\'Exil ; pendant les deux dernières années de cette période, il fonda et dirigea l’Événement, qui devint, après des poursuites et des condamnations, l’Avènement ; il y défendit ses idées politiques et littéraires et s\'y occupa souvent des actes de l\'Académie. Proscrit en 1851, il se réfugia à Jersey qu\'il dut quitter en 1855 pour Guernesey où il resta quinze ans. Il fit paraître à Bruxelles Napoléon le Petit en 1852 et les Châtiments en 1853, à Paris les Contemplations en 1856, la Légende des Siècles en 1859, qui fut complétée plus tard, Les Misérables en 1862 qui eurent un grand retentissement, les Chansons des Rues et des Bois en 1865, Les Travailleurs de la Mer en 1866, L\'Homme qui rit en 1869. Cette même année il collabora au nouveau journal que fondèrent ses fils avec Auguste Vacquerie et Paul Meurice, Le Rappel.
Les désastres de la guerre de 1870 et la chute de l\'Empire ramenèrent Victor Hugo à Paris, où il trouva une popularité qui alla en grandissant jusqu\'à sa mort. Député à l\'Assemblée nationale, puis sénateur de la Seine, il intervint souvent par des lettres et des discours dans les luttes politiques des premières années de la troisième République. En même temps, il continuait la publication de ses chefs-d\'œuvre : L\'Année Terrible parut en 1872, Quatre-vingt-treize en 1874, l\'Histoire d\'un Crime et l\'Art d\'être Grand-Père en 1877, puis la nouvelle série de la Légende des Siècles et les Quatre Vents de l\'Esprit ; la mort n\'interrompit pas cette extraordinaire éclosion : ses œuvres posthumes suffiraient à immortaliser un poète.
Victor Hugo fit campagne en faveur de la candidature académique de Lamartine en 1825 ; il fréquenta le salon de Charles Nodier et créa le Cénacle. Candidat à l\'Académie dès 1836, il fut battu par Dupaty, Mignet et Flourens. Toute l\'énergie et toute la fureur des classiques se concentrèrent sur le nom de Victor Hugo, reconnu par tous comme le véritable chef de l\'école romantique ; il fut enfin élu le 7 janvier 1841 par 17 voix sur 32 votants, en remplacement de Népomucène Lemercier et reçu le 3 juin par le comte de Salvandy. Cette victoire, péniblement obtenue, n\'en consacra pas moins le triomphe du romantisme.
Victor Hugo soutint la candidature d\'Alfred de Vigny, de Balzac, d\'Alexandre Dumas, d\'Alfred de Musset, de Béranger ; il reçut Saint-Marc-Girardin et Sainte-Beuve. Alfred de Vigny s\'étant fait des ennemis à l\'Académie fut presque mis en quarantaine ; Victor Hugo lui donna une preuve de sympathie et d\'estime en refusant d\'être directeur, tant que durerait cet ostracisme.
Mécontent de quelques-uns des choix que fit l\'Académie, le journal de Victor Hugo, L’Événement, attaqua souvent la Compagnie, et après l\'élection de Nisard en 1850, il demanda que les élections des académiciens fussent faites par la Société des Gens de Lettres et la Société des Auteurs dramatiques. Sa première visite à l\'Académie après son retour d\'exil fut pour donner sa voix à Alexandre Dumas fils, « n\'ayant pu voter pour le père », dit-il. Il vota pour Jules Simon qui fut élu et pour Leconte de Lisle, qui ne fut nommé que pour le remplacer.
Dans les dernières années de sa vie et après sa mort, de grands honneurs lui furent rendus, tant par le peuple que par le monde littéraire et les pouvoirs publics.
Le cinquantenaire d\'Hernani fut célébré avec éclat à la Comédie Française ; une grande manifestation fut organisée à l\'occasion de l\'entrée du poète dans sa quatre-vingtième année, le 26 février 1881. À l\'occasion de sa mort, l\'église Sainte-Geneviève (Panthéon) fut désaffectée et rendue à la sépulture des grands hommes ; ses funérailles nationales se déroulèrent au milieu d\'un immense concours de peuple, avec tous les honneurs civils et militaires que le gouvernement pouvait lui rendre ; son corps reposa trois jours sous l\'Arc de Triomphe, gardé la nuit par des cuirassiers porteurs de torches.
Le centenaire de sa naissance fut célébré avec éclat ; il comporta entre autres cérémonies l\'inauguration du monument élevé à sa gloire et l\'inauguration du Musée Victor-Hugo installé dans la maison de la place des Vosges où le poète avait écrit d\'immortels chefs-d\'œuvre, alors qu\'elle s\'appelait Place Royale. Il légua à la Bibliothèque nationale ses manuscrits et ses dessins.
Il est mort le 22 mai 1885, doyen de l’Académie.